A propos de « maniaques de l’antireligion »...

samedi 31 décembre 2011
par  Lp 33
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« Au total, écrit JC Guillebaud dans Sud Ouest Dimanche du 6 novembre 2011, les deux crétinismes se rejoignent. Les incendiaires de «Charlie-Hebdo» d’un côté, les faux «croisés» de la «chrétienté» de l’autre. »

Ces « faux-croisés » sont les intégristes de l’Institut chrétien CIVITAS qui ont cherché à empêcher la représentation de la pièce “Sur le concept du visage du fils de Dieu“, du metteur en scène italien Romeo Castelluci, au Théâtre de la Ville à Paris.

Et l’éditorialiste, qui se réclame quelques lignes plus haut de l’héritage d’Emmanuel Mounier (bon sang ne saurait mentir) [1]
poursuit : « Ils donnent des arguments en or à tous les maniaques de l’antireligion, pressés de diaboliser l’islam ou de pourfendre « l’intolérance catholique ».

D’après le Quillet, un maniaque « est atteint d’aliénation mentale caractérisée par une grande surexcitation ». Par extension, c’est « quelqu’un d’égaré, qui a des idées fixes ». Pour Le Robert, c’est aussi « quelqu’un qui a une idée fixe, une habitude contraire à la raison, parfois perverse ».

Et allez donc ! Tous des malades, des excités, des extrémistes en quelque sorte !

Mais M. Guillebaud, qui cite le journal La Croix et lui décerne, dans cette affaire la palme du courage (sic), n’a pas quant à lui le courage de citer la hiérarchie catholique qui, avec duplicité ”condamne les violences perpétrées” mais demande “une liberté respectueuse du sacré”.

La hiérarchie catholique feint d’ignorer que le délit de blasphème a été aboli en France en 1791 et que la République garantit la liberté de conscience à tous ses citoyens grâce à la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État.
Alors ? Maniaques de l’anti religion ? Nous sommes, en ce qui nous concerne, avant tout des maniaques de la défense de la liberté : liberté de conscience, liberté d’expression, que les plumitifs de la hiérarchie catholique confondent ou réduisent à la « liberté religieuse ».

Nous pensons que la liberté d’expression ne peut souffrir aucune limitation. La limitation à la liberté d’expression s’appelle la censure.

Et la Libre Pensée ne compte pas sur les Églises pour défendre la liberté contre l’obscurantisme et le dogmatisme, ce qui reviendrait à leur demander de s’autodétruire !

La Libre Pensée appelle en revanche tous les laïques authentiques à se regrouper et à s’organiser pour faire barrage aux tentatives de tous les cultes de réinvestir la sphère publique et ce, avec la complicité de beaucoup trop d’élus, quelle que soit leur appartenance politique.

Quand des collectivités versent des subventions importantes à des cultes sous prétexte qu’ils s’occupent de services publics (crèches, par exemple), quand des élus sont présents fréquemment es-qualité à diverses bénédictions, à des inaugurations d’établissements confessionnels, voire invitent directement la population à assister à la messe, il ne faut pas s’étonner que les mêmes cultes estiment avoir leur mot à dire dans tous les aspects de la sphère publique, création artistique comprise.

Et, n’en déplaise aux calotins, nous ne nous tairons ni ne laisserons faire !

Christian Baqué
Président de la Fédération
de la Gironde de la Libre Pensée


[1Rappelons à nos lecteurs que le personnalisme de Mounier est une des variantes alternatives - qui se voudraient douces - au corporatisme autoritaire mais qui se déclinent sous le même mot d’ordre « Ni capitalisme, ni socialisme » : en fait un accommodement doucereux à l’exploitation de l’homme par l’homme.

En 2005, la question à l’étude du Congrès de notre fédération nationale, pilotée par la fédération de la Gironde, a permis sur le personnalisme un excellent travail de synthèse et de clarification, et quelques précisions. En particulier sur les trous de mémoire des défenseurs de l’école d’Uriage.
Certes, les crimes franquistes, l’invasion de l’Ethiopie par Mussolini ou la politique antisémite d’Hitler et ses violences sont dénoncées par les personnalistes, mais dans le même temps Mounier lui-même a conféré au national-socialisme des valeurs proches du personnalisme.

En 1936 :
« A ne juger du niveau spirituel d’un peuple que par l’exaltation qui fait rendre à chaque homme plus que ses forces et le tend violemment au-dessus de la médiocrité, à le mesurer uniquement aux valeurs d’héroïsme, il est certain que les fascismes peuvent revendiquer le mérite d’un réveil spirituel. (…) Plus d’une parmi leurs réactions contre les déviations du rationalisme, du libéralisme, de l’individualisme sont saines dès leur origine. »

En 1938 :
« Nous pouvons abominer l’inspiration de la révolution nazie, mais, quand bien même elle comporte un mal absolu, elle n’est pas dans toutes ses pièces un mal absolu. La rude purification des fascismes porte le feu dans tout un appareil vermoulu que nous n’avons cessé ici de combattre, au nom d’autres valeurs. »


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