Discours prononc devant le monument pacifiste de Pontcharra

jeudi 12 septembre 2013
par  lp73
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Chaque anne des organisations attaches au pacifisme se retrouvent devant le monument pacifiste de Pontcharra (Isre) l’invitation de l’ALAMPP (Assocation Laque des Amis du Monument Pacifiste de Pontcharra)

Discours Pontcharra 2009 :

Chers amis, chers camarades,

Je vous apporte le salut fraternel de la fédération nationale de la Libre Pensée.

Nous voici rassemblés, comme chaque année, devant ce très symbolique monument pacifiste de Pontcharra. Sa structure légère, évoque l’envol des continents libérés du joug des guerres. Chaque année quand nous déclinons le nom des pays en guerre nous démontrons qu’elles ont toujours, sous des prétextes différents (parfois religieux, parfois humanitaires ou autre) qu’elles ont toujours des visées économiques par l’appropriation des richesses des pays affaiblis, qu’elles sont toujours le fruit pourri du système capitaliste, qu’elles sont toujours injustifiables.

Cette année, nous avons franchi une étape.

Ainsi, depuis l’an dernier, la situation financière, économique et sociale s’est dégradée comme jamais auparavant. Les chiffres tombent chaque jour : 90 200 licenciements en janvier en France, presque 250 000 depuis le mois de septembre. Pour chaque licenciement, une famille déchirée, une famille détruite.

Et pendant ce temps là le gouvernement injecte 428 milliards d’euros dans la machine capitaliste ; pendant ce temps-là on nous annonce que le groupe pétrolier Total, qui a amassé 14 milliards d’euros de profit en 2008, va licencier des centaines de travailleurs ; on nous annonce que c’est plus de 3 milliards de dollars (2.4 milliards d’euros) que le groupe Paulson § Co a gagné en pariant sur l’effondrement du marché immobilier américain.

Face à ces agressions générées par un système économique ultralibéral, face à cette guerre faite au peuple du monde entier qui enrichit abondamment les plus riches et plongent la population dans une misère de plus en plus flagrante ; face à cette guerre-là, quelles solutions nous proposent nos gouvernants ?

1) Tout d’abord, ne pas changer de cap ; continuer à donner aux plus riches et à prendre aux plus pauvres, ne pas bouleverser la structure sociale, respecter l’ordre établi. Le gouvernement confirme en cela son attachement à la doctrine sociale de l’Eglise dont je veux vous citer un passage tiré de l’Encyclique Rerum Novarum : « Le premier principe à mettre en avant, c’est que l’homme doit accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la société civile, l’élévation de tous au même niveau. .. contre la nature, tous les efforts sont vains. C’est elle, en effet, qui a disposé parmi les hommes des différences aussi multiples que profondes… différences nécessaires d’où naît spontanément l’inégalité des conditions. La vie sociale requiert dans son organisation des aptitudes variées et des fonctions diverses, et le meilleur stimulant à assumer ces fonctions est, pour les hommes, la différence de leurs conditions respectives. »Et cette phrase, cerise sur le gâteau : « Cette inégalité d’ailleurs tourne au profit de tous, de la société comme des individus. »

Cette conception de la société convient parfaitement à nos dirigeants.

Le gouvernement a des alliés, il les chérit. Rappelons-nous le « fameux » discours de Ryad mettant le curé au dessus de l’instituteur dans la transmission des valeurs ou encore cette profusion d’argent public dépensé lors de la visite du Pape. Presque tous les jours, la loi de 1905 si chère aux libres penseurs est bafouée. Rappelons-en l’article 2 : « la République ne reconnaît, ne subventionne ni ne salarie aucun culte ». Comment peut-on appeler un gouvernement qui ne respecte pas les lois de la République ?

2) Autre solution pour parer aux dérapages que pourrait entraîner l’extrême tension due à la crise, mettre en place une intensification de la répression. Je ne citerai que quelques exemples mais il y en a beaucoup.
Depuis le 1er janvier 2009 le rattachement, de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur illustre la politique répressive actuelle. Alors que dans les prérogatives des gendarmes, l’intervention armée en zone urbaine est une « limite haute » de leur gamme de missions ; l’armée, dont les missions se centrent désormais sur les conflits urbains, ne pratique le maintien de l’ordre qu’en « limite basse », et doit être en mesure de repasser en posture de « haute intensité », avec des moyens plus militaires : blindés, bulldozers, tireurs d’élite, chiens… Attention donc aux manifestants qui oseraient défier le gouvernement.
Ainsi également, prenant modèle sur le Royaume Uni où un individu peut être filmé par les caméras de vidéo surveillance jusqu’à 300 fois par jour, Mme Michèle Alliot Marie a décidé de faire passer en France le nombre de caméras de surveillance sur la voie publique d’un peu plus de 20 000 aujourd’hui à 60 000 demain. S’ajoutent à ces chiffres l’annonce récente de placer des caméras dans les établissements scolaires « à risque ».

Nous pourrions également citer cette réforme des juges de l’Instruction, qui n’instruiraient plus qu’à charge, obligeant les accusés de faire preuve eux-mêmes de leur innocence. Gare à ceux d’entre eux, les plus fragiles, qui n’ont pas de quoi se payer le bon avocat…

Ainsi, nous le voyons par un ensemble ténu de mesures, la répression se fait de plus en plus active.

3) Mais cette exacerbation des tensions vaut également hors de nos frontières. Ainsi, la volonté du Président de la République de réintégrer l’OTAN fait suite à la même logique. A ceux qui arguent du fait que toute action militaire est justifiable si elle se déroule sous mandat de l’ONU, nous proposons de méditer cette phrase tirée de la résolution du Parlement européen du 19 février 2009 : « Sans dimension militaire, l’Union n’est qu’un chien qui aboie mais ne mord pas ». Pour quels motifs faudrait-il mordre ? Faut-il mordre quand les conflits sont dus à une tension accrue sur les approvisionnements stratégiques ? Faut-il mordre quand les conflits ont pour seule cause la concurrence pour l’accès aux marchés économiques ? Faudra-t-il mordre quand, comme le souhaitent une majorité de députés européens, au nom de l’écologie et du développement durable, l’Union européenne et l’OTAN pourront déclarer la guerre ? C’est en effet ce qui ressort à la lecture de la Résolution du Parlement européen sur le rôle de l’OTAN dans l’architecture de sécurité de l’Union du 19 février 2009.

Alors faut-il mordre ?

Nous, libres penseurs, restons fidèles à la résolution du congrès de Rome de la Libre pensée de 1904 qui déclarait : « L’émancipation intégrale de l’humanité doit être l’objectif poursuivi par les associations d’athées et de libres penseurs, car elles refusent le triple joug : « le pouvoir abusif d’une autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique ».

Pour nous, libres penseurs, pacifistes internationalistes, comme l’exprime Pierre Roy dans notre mensuel « La Raison » du mois de mars, nous pouvons faire nôtre le mot d’Eugène Debs selon qui « il n’est qu’une guerre légitime, à savoir celle des pauvres contre les riches ». Pierre poursuit : « La guerre des pauvres contre les riches est toujours une guerre défensive, non choisie, à laquelle les pauvres se résignent quand ils ne peuvent pas faire autrement ».

C’est parce que nous refusons les guerres, parce que nous saluons ceux qui refusèrent de se battre pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs, que nous réclamons la réhabilitation des fusillés de 14/18. Nous avons progressé dans ce sens, nous nous devons de continuer.
Ainsi, nous pouvons le dire haut et fort « Guerre à la Guerre » ; « Guerre à toutes les guerres »



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