Présentation du monument pacifiste de CREIL

jeudi 11 novembre 2010
par  lpOise
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Ce monument, situé au cœur de Creil, représente une femme debout, finissant de repousser de sa main droite une lourde draperie qui la cachait, tenant dans sa main droite des rameaux (d’olivier ?). Autour d’elle, à ses pieds, gerbe de blé, fleurs, végétaux, enclume et marteau, symbolisent le travail pacifique.

Bref historique du monument pacifiste de Creil

La Paix se révélant à l’(Humanité

Monument aux morts pacifiste de Creil OISE

Quelques éléments, tirés des archives de la ville, sur ce monument.
Ce monument, situé au cÅ“ur de Creil, représente une femme debout, finissant de repousser de sa main droite une lourde draperie qui la cachait, tenant dans sa main droite des rameaux (d’olivier ?). Autour d’elle, à ses pieds, gerbe de blé, fleurs, végétaux, enclume et marteau, symbolisent le travail pacifique.. Le piédestal de la statue, comme le terre-plein d’origine, n’ont jamais comporté d’obus ni aucune représentation guerrière. La face avant du piédestal comporte en gros caractères le texte :
LA PAIX SE REVELANT A L’HUMANITE

hommage de la ville de Creil
à ses enfants
morts pour la France

De quand date-t-il ?
Inauguré le 17 octobre 1926 par le maire Jules Uhry, en présence de Joseph Paul-Boncour.

Le caractère évidemment pacifiste de ce monument incite à chercher dans les décisions de l’époque du conseil municipal, du comité pour l’érection ou dans l’influence de personnes ou d’organisations l’explication de ce choix.

Un "Comité pour l’érection" a été constitué avant juin 1921, il a été très actif entre juin 21 et mars 23. La décision a été prise par la municipalité en 1923, le marché avec l’architecte a été approuvé en 1924. Les travaux ont été plus longs que prévus, le maire ayant du reculer l’inauguration plusieurs fois (prévue en avril 24 et réalisée en octobre 26).

1) Le conflit d’avril mai 1924

Entre avril et mai 24 un conflit oppose la préfecture et le maire au sujet du caractère pacifiste du monument : il y a sur ce point quelques documents très précis.
Il faut rappeler que des instructions ministérielles avaient prévu qu’une commission spéciale, de niveau départemental, examinait tous les projets de monument aux morts.
Donc le 5 avril 1924 le sous préfet de Senlis écrit au maire :

Ce projet [...] a donné lieu aux observations suivantes :
"La Commission, sans formuler de critiques en ce qui "concerne le monument en soi, fait remarquer :
"I° qu’il ne paraît pas évoquer directement le souvenir "des morts de la Grande Guerre ;
"2° que, contrairement à la circulaire du [...] il manque ...
En conséquence, M. le Préfet me prie de vous faire part de ces observations et de vous demander d’inviter votre conseil municipal à délibérer à nouveau sur cette affaire. Ci-joint le dossier.

Jules Uhry répond le 14 avril 1924 :

En ce qui concerne la première de vos observations, le Conseil Municipal tient à vous faire remarquer, que le Monument évoque tout à fait le souvenir des morts de la grande guerre, que la meilleure façon de les honorer est de rappeler qu’ils sont morts pour crier la paix dans le monde.

La maquette a d’ailleurs été approuvée par un Jury composé d’hommes aussi intelligents, à mon avis, que la Commission qui a formulé ces critiques. Il comprenait en effet, l’Architecte en Chef des Bâtiments Civils du gouvernement, M. PATOUILLARD de MORANNE, et M. ALLIOT, Membre du Jury de la Société des Artistes Français.
D’autre part, le Comité qui a choisi la maquette était composé de délégués de toutes les Sociétés de Creil, et notamment de Mutilés, de Veuves, et ce sont ces délégués qui, eux-mêmes, ont choisi la maquette. Celle-ci a été choisie à la presque unanimité (2 voix seulement ont voté contre).

Je ne saurais donc, sur ce point, m’arrêter aux objections de la commission, et si elle n’approuvait pas le Monument, elle porterait elle-même la responsabilité qu’il n’y ait pas à Creil de Monument aux Morts.

2) l’histoire du comité pour l’érection du monument pourrait être approfondie.

En effet il y a notamment un conflit avec la mairie en 1923. En effet le comité avait recueilli 33 000 F, sans pour autant être constitué comme une association apte à gérer des fonds. Sans doute suite également à des remarques venant du contrôle de légalité de la sous préfecture, le maire donne ordre au comité de restituer les fonds recueillis au percepteur municipal. Il semble que cet épisode soit à l’origine de la démission du président du comité de l’époque

3) le rôle précis des acteurs pourrait être examiné.

L’architecte, le sculpteur M. VEREZ, choisi après un appel à projet publié dans un bulletin d’artistes sculpteurs, les membres du comité, le rôle du conseil municipal

4) les recherches du maire pour l’inauguration

En effet Jules Uhry est alors déjà très fier de son Å“uvre à Creil. En dix ans après la guerre il a développe une section socialiste, très faible en 1914, conquis la mairie est devenu député. A un moment il sollicite directement Édouard Herriot pour l’inauguration. Finalement il aura le concours de Joseph Paul-Boncour qui était à l’époque représentant de la France à la Société des Nations.

Autre signe de l’expression pacifiste recherchée. Jules Uhry invite le 4 août mademoiselle Ventura (35 avenue Emmanuel III à Paris) à participer à l’inauguration :
«  Je viens de rencontrer mon ami Paul-Boncour dans le Tarn. [...]... présider le 17 Octobre prochain l’inauguration de notre monument aux morts qui représente la paix sortant des ruines de la guerre et se révélant à l’humanité.
Je viens vous demander à votre tour, officiellement, de vouloir bien nous faire le grand honneur de nous donner votre concours pour nous réciter, après que mademoiselle Matthieu aura chanté la Marseillaise, la Marseillaise de la Paix de Lamartine, et si vous le jugez utile, un poème à vôtre choix d’un de nos poètes modernes contre la guerre. »

5) le jour de l’inauguration des incidents

Les incidents du 17 octobre 1926. Le PCF organise une manifestation pendant l’inauguration, dans le cadre d’une lutte politique contre la SFIO semble-t-il. Jacques Duclos, députe PCF de Paris y participe. Légers heurts avec la police place Carnot. Interpellations. Libération à la demande du maire des personnes arrêtées. Le lendemain meeting de protestation PCF + anarchistes dans lequel se rend, seul, Jules Uhry, qui monte à la tribune pour s’expliquer fermement bravant les huées des participants.

Cet historique est l’actualisation en 2009 d’un document de 1999
qui justifiait la création de l’association laïque des amis du monument pacifiste de Creil (ALAMPAC)


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