Rassemblement du 11 novembre 2017

samedi 30 décembre 2017
par  Grpe F Pelloutier
popularité : 6%

Groupe départemental
Fernand Pelloutier des Yvelines
de la Libre Pensée

Le 11 novembre 2017, le groupe départemental Fernand Pelloutier de la Libre Pensée 78 a pris l’initiative d’un rassemblement à Versailles Satory devant la plaque commémorative des combattants de la Commune de 1871 pourchassés, emprisonnés et massacrés par la réaction bourgeoise.

Les prises de paroles se sont succédé

pour la paix, pour les libertés et la laïcité, pour la justice sociale.

Les participants ont conclu le rassemblement au chant de l’Internationale, écrite par le communard Eugène Pottier, en 1871 lors de la répression de la Commune de Paris, dont les paroles ont une portée universelle et internationale, la parole des humiliés et des exploités de tous temps et de tous lieux

Présentation du rassemblement
par Gérard Reix secrétaire du groupe Fernand Pelloutier de la Libre Pensée 78


Chers amis et camarades,
Cela fait maintenant trois ans que le groupe départemental Fernand Pelloutier de la Libre Pensée 78 organise un tel rassemblement en ce lieu.
Parce que la situation se tend dans toutes les couches de la société,
parce que les libertés sont menacées,
parce que la guerre et son cortège de barbarie s’amplifie et se rapproche,
parce que les acquis sociaux qui sous-tendent l’existence de millions et de millions sont menacés par une politique entièrement dévouée à la finance,
parce que des forces politiques cherchent à s’emparer des religions pour opposer les travailleurs et les peuples entre eux,
et parce que personne ne détient seul la vérité ni la capacité de résoudre ces problèmes,
cette année nous avons demandé à d’autres forces militantes, à d’autres organisations et associations de participer à notre rassemblement pour la paix, pour les libertés et la laïcité, pour la justice sociale.
Ce sont ces thèmes qui seront développés ce matin.

Nous avons eu le plaisir de recevoir le soutien immédiat :
– de la Ligue des Droits de l’Homme des Yvelines
– de l’Association Républicaine des Anciens Combattants ARAC 78
– de l’Association des Amies et Amis de la Commune de Paris1871
– de l’Association du Mur des Fédérés de Versailles Satory.


Qu’ils en soient ici remerciés.

Ils prendront la parole dans ce rassemblement.

Nous sommes ici à Versailles, dans le quartier de Satory, devant ce mur, dont les restes témoignent de ce qui fut une grande page de l’émancipation humaine pour se libérer de la misère, de l’exploitation et de la guerre. En 1870/1871, le peuple de Paris luttant pour décider de son avenir s’organisait en comités dans les quartiers, constituait son comité central et proclamait la Commune souveraine. Le gouvernement réactionnaire dirigé par Thiers se réfugiait à Versailles pour pactiser avec les allemands qui encerclaient Paris et, avec leur soutien, briser la mobilisation du peuple parisien.
Il y a donc 146 ans, le 21 mai 1871 débutait la semaine sanglante qui mit fin à la Commune de Paris. En une semaine, 4000 travailleurs parisiens trouvèrent la mort sur les barricades, 30 000 furent sommairement fusillés, hommes femmes, enfants, vieillards ; 45 000 autres furent arrêtés, parmi lesquels 15 000 déportés, envoyés au bagne, la plupart des autres jetés en prison. Au total on estime à 100 000 les travailleurs qui disparurent de la capitale au lendemain de la Commune.
Une telle férocité, une telle répression barbare de la part des classes possédantes de l’époque ne peuvent s’expliquer que par la peur panique qui les saisit.
Pour comprendre cette frayeur il faut dire quelques mots du programme que les communards furent capables de commencer à mettre en oeuvre
–  Instaurer l’instruction publique et laïque
–  Garantir par la loi l’égalité juridique des femmes et des hommes
–  Supprimer le travail de nuit
–  Réquisitionner les usines dont les patrons étaient incapables d’assurer la gestion.
–  Réquisitionner les logements vacants pour les ouvriers sans logement
–  Remettre l’ensemble des loyers en retard
–  Abolir les amendes imposées aux travailleurs dans les usines
–  Limiter à 8h la journée de travail
–  Assurer la séparation des églises et de l’État notamment en expulsant les congrégations religieuses de l’école
–  Imposer comme règle que tous les élus sans exception touchent au maximum le salaire d’un ouvrier
–  Abolir l’armée permanente
Quelle audace ! Quelle force ! Et tout cela en seulement 72 jours !

Qui peut dire que ces questions posées en 1870, essentielles pour l’humanité, ont toutes trouvé une solution positive en 2017 ? Est-ce que nombre d’entre elles ne font pas écho aux ^problèmes non résolus de notre actualité immédiate ?
Notre hommage d’aujourd’hui à leur mémoire, à leur combat, doit nous aider pour construire le présent et assurer le futur. C’est aussi cela le but de ce rassemblement.


Intervention de Maurice Martin, Professeur honoraire, au nom du groupe Fernand Pelloutier de la LP 78


Peut-être avez-vous vu ou revu récemment à la télé le film « Les sentiers de la gloire » réalisé par, Stanley Kubrick en 1957 sur des événements réels qui se sont déroulés dans l’armée française pendant la guerre de 1914-1918 : c’est-à-dire des procès de soldats et de sous-officiers qui ont été condamnés d’une manière totalement injuste et arbitraire par des tribunaux militaires et qui ont été, pour certains, « fusillés pour l’exemple » pour avoir refusé de sortir des tranchées et de monter à l’assaut, complètement à découvert, sans aucune protection face aux mitrailleuses allemandes qui auraient fait un carnage ?

Quand on évoque ces faits, on pense à ce qu’on appelait les « mutineries » de 1917, pendant lesquelles entre 60 000 et 80 000 soldats français se sont révoltés et ont refusé de monter à l’assaut, suite à l’offensive catastrophique ordonnée par l’Etat-major (Nivelle) et particulièrement meurtrière puisqu’elle a fait 140 000 victimes (dont 30 000 tués) en 4 h, le 16 avril 1917 au Chemin des Dames !

Mais, en fait, le film ne parle pas de cette révolte générale de 1917, dont la répression a abouti à 54 fusillés sur les 3427 mutins jugés par les Conseils de guerre… Ce qui peut paraître peu, compte-tenu de l’ampleur de la révolte qui a touché les 2/3 des régiments… mais les autres seront envoyés au bagne ou en première ligne, ce qui est une condamnation à mort différée…

Or, 550 des 639 « fusillés pour l’exemple » l’ont été avant les mutineries de 1917 ! (Le chiffre a été définitivement établi par le général André Bach, ancien responsable du Service historique de l’armée de terre et décédé récemment). Surtout au début de la guerre (1914-1915) pour « terroriser » les soldats qui hésitaient ou qui refusaient déjà les assauts inutiles et meurtriers.

Le film mélange plusieurs histoires authentiques qui se sont déroulées en 1914 / 1915. Parmi les plus connues : en 1934, une femme courageuse, Blanche Maupas est parvenue à faire réhabiliter son mari et trois autres soldats qui ont été fusillés « pour l’exemple » le 17 mars 1915, les 4 caporaux de Souain accusés de « refus d’obéissance » pour avoir refusé de sortir de la tranchée alors que « les canons français envoyaient des obus sur leur tranchée et que quiconque montait devait être fauché soit par les nôtres soit par le feu des mitrailleurs allemands ». Le général Réveilhac a exigé qu’ils soient sanctionnés : 18 hommes et 6 caporaux ont été tirés au sort : quatre seront fusillés ! Ces soldats : Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard, Lucien Lechat seront réhabilités en 1934 grâce à l’action de la femme de Théophile Maupas, l’institutrice Blanche Maupas. « Quand je pense qu’on fait passer au conseil de guerre le malheureux poilu qui aura eu, au milieu des pires misères, une minute de défaillance et que les chefs, sans même se donner la peine de reconnaître leur ligne – sans doute par frousse – font massacrer des hommes sans le moindre scrupule en espérant un avancement dans la Légion d’honneur ». (Lieutenant André Malavoy. Suippes. Le 4 mars 1915, décédé le 14 mars 1915.)
Pendant la guerre de 1914-1918, la justice militaire était devenue une justice d’exception depuis des décrets d’août et septembre 1914 : le sursis, le recours en révision, les circonstances atténuantes et le droit de grâce étaient supprimés.
L’épisode du film où le soldat est sur une civière et qu’on ranime pour le fusiller s’inspire lui d’un autre cas, celui du sous-lieutenant Jean-Julien-Marius Chapelant exécuté le 11 octobre 1914 après une parodie de procès. Gravement blessé aux jambes depuis plusieurs jours, incapable de tenir debout, épuisé moralement et physiquement, le sous-lieutenant Chapelant avait alors été ficelé sur son brancard et celui-ci posé le long d’un arbre pour qu’on puisse le fusiller.
On pourrait évoquer aussi les « Six de Vingré » : le caporal Paul Henry Floch et les soldats Jean Blanchard, Francisque Durantet, Pierre Gay, Claude Pettelet et Jean Quinaud qui appartenaient au 298e RI, fusillés pour l’exemple dès le 4 décembre 1914, après avoir été tirés au sort parmi les 24 soldats qui s’étaient repliés pour éviter d’être faits prisonniers. Ils seront réhabilités par la Cour de cassation le 29 janvier 1921 après que les épouses de deux d’entre eux et un autre soldat, témoin de la scène, aient démontré que le premier à s’être enfui était l’officier qui les commandait !
Le film de Stanley Kubrick dénonce le cynisme des officiers supérieurs qui sacrifient leurs propres soldats pour leur carrière ou leur promotion. Il montre la violence meurtrière de la guerre, l’émotion et la souffrance des soldats…

Quand le film est sorti, il a été censuré en France jusqu’en 1971 ! Il était même interdit aux profs d’histoire de parler de ces évènements à leurs élèves. Dans les livres d’histoire, il n’en était absolument pas question !

Or, aujourd’hui encore, la plupart de ces « fusillés pour l’exemple » n’ont toujours pas été réhabilités, malgré les engagements pris, naguère, par Lionel Jospin, devenu Premier Ministre en 1997 et par François Hollande, devenu Président de la République en 2012.
Aux Invalides, on a – certes - apposé une plaque à leur mémoire, mais on les a « mis à part » comme s’il subsistait un doute sur leur « culpabilité », ils n’ont pas été réintégrés de plein droit et à égalité avec les autres Poilus sacrifiés au combat.
Ils n’ont pas été réhabilités – à quelques exceptions près, comme ceux que j’ai évoqués plus haut.

Lors des cérémonies qui se sont déroulées à Craonne en avril 2017, les militaires ont exigé une cérémonie séparée des commémorations officielles, lorsque le Maire du village a décidé de faire chanter aux enfants des écoles la Chanson de Craonne qui se termine ainsi :

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini car les troufions
Vont tous se mettre en grève,
Ce s’ra votre tour, Messieurs les gros
D’monter sur le plateau,
Car si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau.

Cent ans après, cette bataille n’est donc pas terminée. La morgue et la haine des militaires d’aujourd’hui s’opposent toujours à ce qu’on juge les actes de leurs prédécesseurs assassins de leurs propres troupes : les Joffre, les Nivelle, les Mangin, les Pétain …

Et c’est la fierté de nos organisations – au premier chef de la Libre Pensée – de mener inlassablement ce combat pour la réhabilitation de tous les 639 fusillés pour l’exemple, ceux qui ne sont pas « Morts pour la France », mais « Morts par la France ».


Discours prononcé par Pierre Dejean président de la Fédération départementale de la Ligue des Droits de l’Homme

« Dans ce secteur, il y a tous les jours de petites attaques d’une compagnie qui doit prendre une tranchée pour souvent la perdre le lendemain. Aussi y a-t-il peu d’enthousiasme de la part des soldats pour ce genre d’opérations, qui font beaucoup de pertes ». Le 19 avril 1915 « la troisième compagnie de notre régiment doit attaquer à neuf heures pour prendre une tranchée aux Allemands, mais le mot d’ordre passe par la compagnie : « on ne marche pas, on ne sortira pas de la tranchée pour attaquer ! » »
« A l’heure dite, les officiers crient : « En avant ! ». Personne ne bouge. Après plusieurs sommations et menace de revolver, personne ne veut franchir le parapet de la tranchée... A la tombée de la nuit, on nous annonce que le régiment est complètement relevé du secteur. »
Le 20 avril, « nous voyons bien qu’il va se passer quelque chose. La mairie de Manonville est entourée de gendarmes et en fin de matinée, on dit que le général Joffre est venu présider une Cour martiale. Après le déjeuner, on convoque toute la compagnie au rapport. … Le lieutenant qui nous commande [ ] arrive les larmes dans les yeux et nous dit : « mes amis, nous avons une mauvaise mission à accomplir … il a été convenu que, à titre d’exemple, 4 soldats de cette compagnie seraient fusillés » … « A 3 h 30 on nous conduit sur un vaste terrain pas très loin. A 4 heures arrivent les condamnés ... Ils passent devant tout le régiment et sont conduits au lieu d’exécution. Aussitôt : feu ! Ensuite on fait défiler tout le régiment devant les cadavres. »

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,
Chers camarades,
Chers collègues,

Les mots que vous venez d’entendre sont extraits de quelques lettres qu’un soldat, Basile Bonneau, écrivait régulièrement à ses parents. Il avait fêté ses 20 ans, deux mois auparavant, au front. Il sera démobilisé au mois de septembre 1919 après près de cinq années au combat. Jamais il n’a oublié ses camarades.
Des soldats fusillés pour l’exemple, il y en a eu dans d’autres pays, mais c’est, après l’Italie, en France qu’il y en a eu le plus. Combien ? C’est difficile à dire, tant les motivations retrouvées dans les archives sont parfois floues. D’après le général André Bach, décédé le 19 mai dernier, ancien directeur du Service Historique de l’Armée de Terre, et membre du conseil scientifique de la mission du centenaire, le nombre serait de 639, la plupart en 1915.
Certains ont été réhabilités, soit dans des procès civils, soit par une Cour spéciale de justice militaire, qui a siégé pendant près de deux ans entre 1933 et 1935. Cette cour est parfois allée plus loin que la justice civile, estimant que, s’il y avait eu désobéissance collective aux ordres, les conditions matérielles et morales extrêmes au sein desquelles s’étaient produites ces désobéissances ne pouvaient être qualifiées de crime.
La réhabilitation de ces soldats est un des combats de la Ligue des Droits de l’Homme, commencé pendant la première guerre mondiale elle-même.
Aujourd’hui, tous les protagonistes sont morts et un procès n’aurait aucun sens. Mais il existe une voie juridique qui pourrait être utilisée : la cassation sans renvoi. C’est à dire que la condamnation serait annulée sans qu’il y ait un nouveau procès.
Toutefois, ce combat pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple, si nécessaire, ne doit pas être le seul. Ce sont plusieurs milliers de soldats qui ont été condamnés aux travaux forcés, à la déportation, voire exécutés sommairement, auxquels il faut ajouter, surtout en 1917, plus de deux mille « mauvais sujets » déportés eux aussi, sans jugement.
Ceux-là aussi ont le droit d’être réhabilités.
Nous ne nous lasserons pas.
Ils n’ont pas démérité. Ce sont nos frères et nous nous battrons pour que leur nom soit enfin inscrit, à l’état civil et sur les monuments, avec l’inscription « Morts pour la France ».
Vive la République
Vive la fraternité universelle.


Discours de l’association des amis de la commune 1871 Paris au mur des fédérés de Satory le 11 novembre 2017.


Tout d’abord nous saluons toutes les associations présentes, remercions la Libre Pensée des Yvelines de nous associer à ce rassemblement et nous tenons à distinguer le travail de l’association du mur des fédérés de Versailles Satory qui veille sur l’entretien et la pérennité du lieu.
Chers vous toutes et tous, nous nous retrouvons aujourd’hui devant cette plaque d’un lieu emblématique qui rappelle la commune de Paris de 1871, située sur ce site macabre que représente le camp de Satory et à proximité du dernier des trois tumulus témoins des exécutions de communards. Outre Rossel, Ferré, Bourgeois pour les plus connus, ces fusillés comptent parmi les innombrables victimes de la répression féroce du gouvernement de Versailles. Le choix du 11 novembre après la disparition des derniers poilus de la Grande guerre, serait propice à dédier cette journée à toutes les victimes de guerres civiles et militaires d’hier et d’aujourd’hui. L’association Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, doyenne du monde social et ouvrier, créée par les communards de retour d’exil, poursuit son travail de mémoire en veillant à conserver à la Commune l’héritage et la pérennité de ses valeurs, tant dans l’exercice de la démocratie, dans les luttes sociales que dans sa lisibilité dans l’espace public et rappelle, 146 ans après, le fait que la Commune est une composante à part entière de l’histoire d’un pays qui s’enorgueillit d’avoir été celui des révolutions.
Récemment notre association s’est engagée solennellement lors de la Montée au Mur des Fédérés du 20 mai dernier au Père Lachaise, a invité toutes les organisations et les personnes présentes à réfléchir ensemble, à la préparation d’un retentissant 150e anniversaire de la Commune, en 2021.

La Commune mérite plus que jamais cet effort partagé. En ce moment difficile d’urgence démocratique, son legs nous le rappelle. Ses valeurs émancipatrices sont considérables pour le monde du travail et vont contribuer en 72 jours, à renforcer sa conscience de classe. Rappelons entre autres nombreuses décisions, la séparation de l’église et de l’État voté et publiée dans le JO le 3 avril 1871.
L’expérience de la Commune fait date dans le monde entier et nombreux sont les peuples en lutte qui s’y réfèrent encore de nos jours. La situation économique et écologique nous rappelle l’urgence qu’il y a à se réapproprier la démocratie dans une société d’accumulation et de captation éhontée des richesses par une minorité, une spoliation des ressources, une régression sociale qui se traduit par une atteinte aux droits sociaux, une précarisation des salariés, l’impossibilité pour des salariés de se loger, des promesses électorales toujours trahies, les grandes métropoles sous tension qui se vident de leur population laborieuse plus sûrement que sous le second empire avec en filigrane la déchirure terrible que produit l’exclusion prolongée du monde du travail.
Jamais un système d’accaparement des richesses industrielles et financières des matières premières n’avait atteint un tel niveau de concentration du pouvoir permettant au néolibéralisme aidé de ses groupes de presse inféodés, de prendre le pas sur la politique, poursuivant avec frénésie une course aux profits sans obstacle avec une arrogance est un cynisme inégalé.
La Commune fut un pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple. Elle donna à voir ce que peut être une République sociale. Elle esquissa le projet d’une démocratie pleinement citoyenne, où le droit de décider ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise, où l’élu ne peut se détacher des citoyens, où la liberté et l’égalité marchent du même pas.
Elle a montré la voie d’une République où la fraternité prend toujours le pas sur le ressentiment et la haine, ces plaies que le libéralisme produit est dont l’extrême droite se repaît.
Face à ce besoin démocratique, faisons en sorte que ce lieu symbolique soit témoin de notre capacité de rassemblement et de l’union de nos valeurs communes.
La Commune n’est pas morte. Vive la Commune.
Mur des fédérés de Satory, Versailles le 11 novembre 2017, Charles Fernandez.

(*) Pour mémoire, la gare des Chantiers et le mur dit des fédérés sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques et bâtiments protégés de Versailles depuis le 6 décembre 1984. Il s’avère que les murs formant l’angle où la plaque est apposée mesurent moins de 50 m (32 ou 35 m environ) !


Serge De France président de l’association du mur des fédérés de Versailles Satory.


Beaucoup de choses ont déjà été dites. Un élément important pour moi c’est que, aussi bien les fusillés pour l’exemple que les communards pendant la Commune de Paris, il y a eu beaucoup de militaires qui ont été fusillés. Les troupes versaillaises ont carrément éliminé les militaires qui refusaient d’aller combattre les communards à Paris et on n’en a jamais fait état. On a reconnu les militants de la Commune de Paris il y a peu. Donc ça fait quelques années entre la Commune et il y a deux ans. Donc j’imagine et j’espère que pour les oubliés de l’histoire que sont les fusillés pour l’exemple ça ne durera pas aussi longtemps.

Je voudrais ajouter que fin novembre 2016 les communards, outre l’amnistie dont ils faisaient l’objet, ont été réhabilités par l’Assemblée nationale.
Notre association organise le 1er mai et une ou deux fois dans l’année notamment au mois d’octobre la commémoration de l’ensemble de la semaine sanglante et des assassinats de Bourgeois, Ferré et Rossel ici-même.


Gérard Reix pour le groupe F Pelloutier de la Libre Pensée.

J’en profite pour dire que nous avons pris l’engagement, lors de nos prises de contact entre
les différentes associations pour préparer ce rassemblement, de nous inviter mutuellement aux différentes initiatives qui seront prises par les uns et les autres de façon à pouvoir continuer cette discussion et ce travail en commun.


Intervention de Christine Lassalle.

Je ne voudrais pas que vous voyiez dans cette petite intervention une quelconque ressemblance avec le tapage médiatique qui a actuellement lieu dans les milieux artistiques et politiques. L’appel pour ce rassemblement était « pour une véritable campagne pour la paix. » Je voudrais qu’ici, après tous ces hommages qui ont été rendus aux fusillés pour l’exemple, avoir et vous proposer d’avoir vous aussi une pensée pour les femmes puisqu’à mon sens, le premier champ de bataille des guerres c’est le corps des femmes.



Jacques Cotta pour l’association
La sociale.

Je vais rapidement essayer de vous dire un mot sur ce que je pense d’un rassemblement comme celui-ci.
Évidemment, pour les générations dont les représentants sont en nombre plus important aujourd’hui en ces lieux, ce type de rassemblement c’est d’abord un rappel à la nostalgie.
La nostalgie qui est l’un des moteurs à côté de notre raison, lorsqu’elle existe, d’un engagement sans faille qui date et qui ne s’arrêtera pas.
Mais c’est aussi à mon avis l’expression d’un certain nombre de leçons qu’il s’agit de tirer non seulement pour nous mais aussi pour les générations à venir ; parmi les leçons que nous avons à transmettre il faut noter l’importance de l’assassinat de Jean Jaurès en août 1914 qui demeurait un des derniers remparts contre la guerre impérialiste et la barbarie, permettra la porte ouverte aux partis sociaux-démocrates pour livrer leurs peuples et les travailleurs des différentes nationalités les uns contre les autres et ouvrir la voie à cette guerre impérialiste immonde, à cette barbarie qui a vu naître les fusillés pour l’exemple.
Les leçons, c’est le contenu politique de la Commune de Paris qui n’a pas seulement un contenu d’histoire mais, comme cela a été rappelé, dont le contenu est profondément actuel parce que le combat que nous menons aujourd’hui c’est celui qui a été inscrit et c’est celui pour lequel sont morts des milliers et des milliers entre 1870 et 1871.
Ces leçons, ce sont les fusillés pour l’exemple qui, parce qu’ils ont refusé à un moment donné de porter le fer contre les travailleurs qui étaient en face d’eux, ont été assassinés par leur propre hiérarchie. Ces leçons, ce sont aussi ces bataillons russes venus combattre en 14 /18 en France et qui ont été bombardés par la hiérarchie française, par les autorités militaires françaises, parce qu’en 17 ils avaient décidé de rejoindre leur nation leur patrie pour, en donnant toute leur énergie, mener à terme et faire s’accomplir la révolution d’octobre 1917. Ces leçons voyez-vous que nous avons à transmettre à mon sens c’est bien sûr toute cette nostalgie qui nous anime mais c’est aussi pour les générations à venir ce qui se nomme la lutte de classe, cette lutte impitoyable parce que l’ennemi en face sait ce qu’il veut, il sait ce qu’il fait, il sait qui il combat, il sait pourquoi il assassine. C’est une raison supplémentaire, en ce qui nous concerne, pour déterminer les raisons pour lesquelles nous avons à nous rassembler, à nous regrouper, à nous unir et à combattre avec la détermination que nous avons jusque-là et que nous avons à transmettre aux générations à venir.



Intervention de Solange Hervé petite fille d’Ange Dreneuc, soldat fusillé en 1915.

J’ai rejoint la Libre Pensée lorsque j’ai appris que les libres penseurs militaient pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. J’avais appris quelques années avant comment était mort mon grand-père. Officiellement, il a été porté disparu après une bataille le 11 mai 1915 à Saint-Nicolas prêt d’Arras, mais sa famille a tout de suite su, par ses copains de régiment qui étaient tous de son village en Bretagne, qu’il avait, en réalité, été abattu parce qu’il ne voulait plus se battre.
Une tentative de percée de l’armée allemande se préparait. Tentative qui a été une des plus sanglante de la guerre (en moins de trois mois 145 000 morts et 300 000 blessés rien que du côté français).
Au cours d’une permission récente mon grand-père aurait dit à son père qu’il ne voulait pas participer à cette attaque. Son père lui aurait rétorqué : « Fais attention à toi, ils t’auront ». Bien sûr ce sont des « on dit ». Toujours est-il que mon grand-père venait d’apprendre la mort par méningite d’une de ses deux petites filles. Je pense que cette nouvelle a dû le conforter dans sa décision de ne plus participer à cette tuerie. J’ai contacté le général Bach qui demandait lui aussi la réhabilitation. Il a consulté le rapport établi après la bataille du 11 mai 1915 et a trouvé louche la dernière phrase disant « tout le monde a fait son devoir ». Un commentaire qu’il n’a trouvé nulle part ailleurs.
Quelques années plus tard, pour le remariage de ma grand-mère, un jugement a été nécessaire pour que le disparu soit déclaré réellement mort. Il a donc été déclaré « mort pour la patrie ». Son nom : Ange Dreneuc figure sur le monument aux morts de Mantes la ville dans les Yvelines.
Sur le monument que la Libre Pensée veut ériger, outre le nom des soldats jugés et fusillés, il faut que soit mentionné le fait, connu de tous les historiens, que beaucoup de soldats ont été abattus sans jugement et que soi-disant morts pour la France, ils ont été assassinés par la France, leur mère patrie. Les mères patries, quelles qu’elles soient, sont toutes des mères abusives.


Intervention de Marc Salun (retraité Cheminot CGT)

Je veux vous lire deux passages de mes récentes lectures :
« Les Versailles l’ont entrainée du Luxembourg. Elle a été transférée le 25 dans un convoi aux docks du plateau de Satory. Elle n’avait rien à manger depuis le départ de Paris. Plusieurs prisonnières sont tombées en route. En arrivant à Satory, elles ont toutes été parquées dans un coin du camp et Elise a entendu un officier qui ordonnait aux gendarmes : - la première qui bouge, vous tirez sur ces putains.
Alors, on a entendu la fusillade. On assassinait des prisonniers dans l’enceinte du camp.
–  Encore une belle vendange ! disaient les gendarmes après quelques salves de peloton. »

Cela se passait juste à côté de ce lieu à un endroit qui s’appelle le dock où l’on peut voir, quand on se promène à l’extérieur du camp, que les meurtrières sont dirigées vers l’intérieur du camp, contrairement à la plupart des forteresses. Et puis, parce que je suis cheminot, il y a un autre lieu qui attire mon attention sur ce moment historique, c’est la gare de Versailles Chantiers :
« A partir de ce moment, les convois ont commencé à emporter les hommes et les femmes vers Brest, dans des wagons à bestiaux. Ils étaient 40 par wagon. Ils ne pouvaient respirer que par les fentes du bois. Ils n’avaient rien à manger ou à boire. Pour aller jusqu’à Lorient, ils ne touchaient qu’un petit morceau de pain dans les 31 heures que durait le voyage. Il y en avait qui devenaient fous, d’autres se battaient pour gagner un peu de place »

Voilà ce que je voulais dire. Vive la Commune


Discours de David Gozlan secrétaire général de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,
Je vous apporte ici le salut fraternel de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des monuments pacifistes
Il y a 30 ans avait lieu le premier rassemblement de Gentioux, initié par la Libre Pensée autour de cet orphelin qui inscrit pour le présent et l’avenir son dégout, son rejet de la guerre. Rageur, il crie « Maudite soit la guerre ».
Depuis, ce sont plus de cent rassemblements et initiatives autour de monuments pacifistes, antimilitaristes, autour d’œuvres cinématographiques, d’expositions, de conférences qui se tiennent par an pour réclamer la réhabilitation collectives des Fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18. C’est un mouvement de fond, une revendication essentielle qui depuis 100 ans attend une réponse de la part des hautes autorités de l’Etat. Face au cri de réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple, c’est un silence lourd de mépris qui fusille une deuxième fois ces hommes.
Il y a deux semaines, le député de l’Allier du groupe parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine, Jean-Paul-Dufrègne, a posé une question, en commission parlementaire, à madame Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des armées, à propos du dossier de la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple de 1914-1918.
Celle-ci a écarté la réhabilitation sous prétexte que la réhabilitation juridique au cas par cas n’est pas possible. C’est répondre à côté de la question ! Car ce n’est pas ce qui est demandé depuis plusieurs décennies par les associations comme la Libre Pensée et bien d’autres avec elles (ARAC, Mouvement de la Paix, Union pacifiste, sections de la LDH et de syndicats Force Ouvrière et CGT).
Car ce n’est pas ce qui est demandé par 31 Conseils départementaux, par 6 Conseils régionaux, et par 2 000 Conseils municipaux.
Car ce n’est pas ce qui est demandé non plus par les descendants des Fusillés pour l’exemple qui, dès qu’ils en sont informés, signent l’Appel à la République que leur propose la Libre Pensée.
Ce n’est pas ce que demandent le député PCF Jean-Paul Dufrègne à la Secrétaire d’Etat, ni le député de La France Insoumise Alexis Corbière devant l’Assemblée Nationale en séance qui est intervenu aussi pour demander la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple.
Les présidents de la République successifs, flirtant avec les promesses, n’ont pas voulu refermer cette blessure béante. Elle est d’autant plus vive que les Fusillés pour l’exemple, que les Fusillés par la France, demeurent les oubliés, les éternels condamnés des manquements de la République. Il ne saurait y avoir de plus grande souillure sur les gouvernements successifs qui ont fermé les yeux devant une injustice patente.
C’est faire peu de cas de la réalité de ces hommes.
La guerre n’est pas un processus linéaire ponctué de phases où l’on bouge et on s’enterre au gré de la volonté des gradés. La guerre, on y souffre, on en meurt, on peut y survivre mais toujours au prix d’une folie qui nous ronge. Ils ne se sont pas déshonorés, bien au contraire, ils ont fait honneur au genre humain en refusant la guerre, l’affrontement, la barbarie. Ce sont les généraux, les autorités qui se sont déshonorés par leur vilenie, leur bassesse et leur censure.
Il y a 100 ans, les mutineries et la Révolution russe ouvraient un espoir pour les peuples.
Il y a 100 ans, dans son arrogance, le Maréchal Joffre déclarait : « Nous ne sommes pas à 200 000 morts près », ainsi la sauvagerie pouvait se poursuivre. Mais l’année 1917 n’allait pas ressembler aux précédentes. L’année 1917 est l’étincelle qui devait en finir avec la guerre. La révolution russe s’ouvre en février 1917 pour aboutir en Octobre. Elle a débuté par les manifestations de femmes à Petrograd au cri « du pain, la paix, la terre ». La troupe envoyée pour réprimer ces mères, ces sÅ“urs, ces filles fraternisa. Cette fraternisation est la mutinerie qui renversa le régime tsariste. L’autocrate Nicolas II, fort de sa légitimité aristocratique, comprit qu’il appartenait désormais à l’ancien monde. Les masses russes s’emparèrent définitivement du pouvoir dans ces « dix jours qui ébranlèrent le monde ».
La Révolution russe marque irrémédiablement le cours de la guerre, le combat contre la guerre. Elle est à la fois cette marée montante de tous les ouvriers, paysans et soldats et qui les porte à ce niveau où la « pensée collective se met à travailler sous une haute tension » et qui porte aussi en elle la mise en pratique des revendications et des mots d’ordre, celui de la paix, celui du pain, celui de la terre. Les mères pourront revoir leurs fils, les femmes leurs maris, les sÅ“urs leurs frères. La place n’était plus aux congrès, aux vÅ“ux ou aux discours mais à l’action. C’est du fait de ses errements et ses tergiversations que le gouvernement Kerenski fut balayé par la force des soviets. Ainsi comme le rapporte Trotsky : « Le gouvernement ouvrier et paysan, créé par la révolution des 24-25 octobre et s’appuyant sur les soviets de députés ouvriers, soldats et paysans, propose à tous les peuples belligérants et à leurs gouvernements d’entamer immédiatement des pourparlers pour une paix juste et démocratique. (…) le gouvernement soviétique abolit la diplomatie secrète et entreprend la publication des traités secrets signés jusqu’au 25 octobre 1917 »
Sur le front de l’Ouest, la nouvelle des premiers événements traverse les tranchées avant l’offensive Nivelle qui promet la bataille finale. Les soldats pensent que la fin de la guerre est proche, c’est sans compter sur l’imbécillité des états-majors, Nivelle d’abord puis Pétain. Sur les premières offensives, 35 000 morts la première semaine, répétition de la boucherie des années précédentes. De ces offensives, 200 000 soldats ne s’en relèveront pas. Les mutineries éclatent. Les soldats de plusieurs bataillons refusent de monter au front. Individuellement, puis collectivement, les soldats crient « A bas la guerre », « vive la Révolution », l’Internationale est entonnée. On entend aussi « A bas les gradés ». Puis on manifeste, on revendique des permissions en plus, on exige la signature de la paix, on conteste les ordres.

Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,

Regardez comment ce monde de soldats est proche de celui des ouvriers, le moment le plus propice au refus, à la révolte, à la mutinerie, c’est juste celui avant de monter au front. Parce que collectivement vous pouvez dire non. Mais comment ne pas le rapprocher de cet instant où le patron vous demande de vous aliéner à votre travail, à une exploitation et que collectivement vous posez les premiers jalons de la grève. Ce qui donne la force des mutineries de 1917, c’est ce réflexe de classe par lequel vous vous retournez contre l’autorité supérieure. Aujourd’hui encore c’est la même chanson : n’avons-nous pas entendu récemment Laurence Parisot déclarer : « Si je me suis engagée à la présidence du MEDEF c’est par esprit patriotique » ?
Face à cela, les soldats, ouvriers et paysans en uniforme, retrouvent en cette année 1917 l’esprit de la révolte, de la revendication. Ils conjuguent les espoirs portés en 1914 de ne pas voir la guerre éclater, la marée de la révolution russe et le ras-le-bol de ces années de souffrance, de haine et de barbarie.
Il y a des revendications communes aux soldats, des mots d’ordres communs, comme ils furent et sont communs aux ouvriers. Vous vous rebellez à l’idée de rentrer dans le trou, d’être broyés. Il n’est pas étonnant alors de voir ces soldats russes, ces paysans échangés par le gouvernement du Tsar contre les fusils français, se regrouper, réclamer de rentrer au pays, former un soviet en plein cÅ“ur de la France à La Courtine, se mutiner. C’est la Révolution russe qui parle à ses hommes qui ne veulent pas être spectateurs de leur histoire, de celle de leur pays, comme ils ne veulent plus être acteurs de la grande boucherie au compte des capitalistes et généraux français. D’ailleurs une fois que ces moujiks refusèrent de monter au front, réclamèrent de rentrer au pays pour participer à la révolution, les généraux considérèrent qu’ils « avaient perdu toute valeur militaire ». Mais nous l’avons dit, la révolution russe est cette marée montante qui réclame la paix. En Russie, sur le front, plus de 400 000 déserteurs, de 200 à 400 000 mutilations volontaires pendant la période de la guerre, cela marque les consciences, même pour ses soldats russes en France. Ils sont déracinés mais l’idée d’avoir renversé l’autocrate Nicolas II rejoint le refus des oukases des autocrates gradés russes comme français.
Dans les mutineries, on exhorte les gradés à oublier leurs grades, parfois on arrache les galons et médailles. Et ces galonnés qui ont pour ordre de reprendre les hommes en main, d’appliquer la disciplines, répriment, poursuivant la terreur par l’exemple, par les exécutions rapides. Faire taire la clameur de la révolte par le tonnerre de la mitraille parce que « les mutineries s’inscrivent dans la continuité des refus de guerre esquissés et inaboutis depuis 1914 ».
Un monument pour les Fusillés pour l’exemple.
Allant au bout de ce combat de justice, la Libre Pensée s’engage dans une réhabilitation collective et effective des fusillés pour l’exemple à travers l’érection d’un monument sur la ligne de front. Les élus de la République pouvant réaliser cette réhabilitation lui ont tourné le dos mais nous sommes aussi la République. Avec nos associations, nos syndicats, nos rassemblements, nous réunissons depuis des années des militants, des citoyens de la cause humaine. Si nous sommes réunis autour de ce monument, ce n’est pas pour rendre hommage aux marchands de bronze, de fer, de pierre ou de marbre, pas plus aux marchands de canons, ni aux capitalistes, nous sommes ici pour ceux qui font l’Histoire sans piétiner la vie d’autrui. Ils ne l’ont pas fait, nous le ferons.
Ces paysans et ouvriers, artisans de l’Humanité, se sont levés pour dire non, nous érigerons un monument pour les réhabiliter, pour poursuivre ce mouvement où ils sont sortis de la boue, des tranchées, pour dire debout qu’ils étaient des hommes, et non des bêtes, et non de la chair à canon. Ils n’ont pas prononcé la réhabilitation, nous les réhabiliterons.
Avec ce monument, nous inscrirons cette réhabilitation dans l’Histoire, dissipant l’épais brouillard de l’oubli, chassant ce suaire de frimas, par l’érection d’un monument lumineux, limpide réhabilitant collectivement les fusillés pour l’exemple. Il sera à l’exemple des monuments antimilitaristes, pacifistes, construits dans les années après la guerre. Non à la gloire du sacrifice, mais bien comme une illustration du crime commis contre ces hommes. Ils ne l’ont pas fait, nous le ferons.
Oui, Nous sommes aussi la République !
L’esprit de la mitraille, le sens de la caserne, le sang de la guerre ne peuvent constituer le présent ou l’avenir de l’Humanité. Les premiers pas du quinquennat Macron ne disent rien qui vaille aux militants anti-guerres que nous sommes. La descente des Champs-Elysées en command car par le nouveau Président de la Vème République, sa visite, immédiatement après qu’il eut nommé le nouveau gouvernement, au contingent impliqué dans l’opération Barkhane au Mali, qui lui a donné l’occasion d’affirmer avec force son rôle de « chef de guerre », la réaffirmation de l’objectif de 2 % du PIB à consacrer à la défense (2% du PIB représentent un pourcentage considérable du budget de la Nation), tout cela ne laisse pas augurer une politique tournée vers la paix.
Un demi-million de morts dans le conflit syrien et environ 12 millions de déplacés.
Yémen : 19 millions de personnes, soit 60 % de la population de ce pays ravagé par la guerre, en situation d’insécurité alimentaire. 7 500 morts.
Et la France qui est devenue le troisième marchand d’armes au monde avec près de 40% de ses exportations militaires au Moyen-Orient.
La Libre Pensée exige l’arrêt de toutes les opérations extérieures, menées en continuité par Sarkozy, Hollande, Macron ; les mêmes qui dans la même continuité refusent de réhabiliter les Fusillés.
Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,

C’est pourquoi, un monument pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple sera une marque pour les futures générations. Nous ne témoignons pas pour l’Histoire, nous faisons humblement notre part dans l’Histoire en sortant de l’oubli ces insoumis.
Si parmi vous, votre proche, un ami, un voisin, vous connaissez des descendants de Fusillés pour l’exemple, nous vous invitons à leur faire connaître l’appel des descendants de Fusillés que nous tenons à votre disposition où il est dit : « Les membres de nos familles (…) n’étaient pas coupables, tout le monde le reconnait. Alors, ils étaient innocents des crimes qu’on leur a attribués. Il faut les réhabiliter ! Depuis 1914-1918, nos familles attendent qu’on rende leur honneur aux nôtres et à leurs familles. C’est pourquoi nous soutenons l’initiative d’ériger un monument en leur honneur sur la ligne de Front. »
La Libre Pensée organise aussi, avec la participation des associations amies, un colloque le Samedi 25 novembre 2017 à SAINT-FONS, près de Lyon, sur le thème « Pétain 1917 – Pétain 1940 : quelle continuité ? ». Le Tome III des actes des colloques de Toulouse sur « La guerre contre les nations, la guerre entre les nations » et d’Aix en Provence sur « Les colonies et leurs mobilisés dans la Grande Guerre » vient juste de sortir et reste à votre disposition auprès des militants de la Libre Pensée.
Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,

Nous vous appelons, nous appelons chacun d’entre vous à contribuer à ce monument.
Il sera érigé sur la ligne de front, là où des hommes sont morts pour enrichir les marchands de canons, là où des générations ont été fauchées à l’aube de leur vie, là où des hommes se sont mutinés, ont tenu tête, ont su dire non au prix de leur vie
Là où des hommes furent fusillés pour l’exemple, par des balles françaises
Ce combat n’a que trop duré. C’est une question de justice.
Alors oui, nous vous appelons à contribuer, à donner pour que justice soit faite, pour qu’un monument soit érigé. Ils n’ont pas été réhabilités, nous le ferons ensemble à travers ce monument. Nous sommes la République, Vous êtes la République !
Soyons ensemble pour dire
Réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple !
Non à la Guerre ! Maudite soit la Guerre !
Ni dieu ! Ni maître !
A bas la Calotte et vive la Sociale !
Je vous remercie.


Pour conclure ce rassemblement, la parole à Denis Langlet président du
groupe Fernand Pelloutier de la Libre Pensée des Yvelines.

Je dois conclure. Heureusement la pluie s’est arrêtée et c’est une première bonne nouvelle. Bien entendu, comme vous vous en doutez, nous sommes fiers d’avoir contribué à ce rassemblement, d’avoir contribué à ce que des associations différentes, d’histoires différentes avec des militants différents mais tous rassemblés ici pour une cause, celle de la justice, celle de la justice sociale.
Je dirais d’abord : regardons, avant d’examiner la Commune de Paris la réalité sociale de notre pays. Je veux dire ici et j’attire l’attention de chacun sur la situation de plus en plus catastrophique dans laquelle les ouvriers, les ouvriers de premier niveau, ceux vous savez qui ont constitué le moteur de l’ascenseur social puisque la France se targue d’être un modèle social. Le modèle social a un ascenseur. Son moteur c’est la classe ouvrière. Et ce sont les premiers niveaux ouvriers. Aujourd’hui les premiers niveaux ouvriers sont éparpillés dans les usines de sous-traitance. Ils sont majoritairement d’origine étrangère et donc ce sont les plus fragiles. Ce sont les plus fragiles parce qu’ils sont en même temps dans les secteurs où on peut quasiment parler de déserts syndicaux. Je dis ici que nous assistons depuis quelques mois, dans notre propre pays à une multiplication des licenciements pour faute grave, sans aucun fondement, qui sont des traquenards organisés contre certains salariés dans le seul but d’un management agressif, d’un management par la peur, dans le seul but d’empêcher la révolte ouvrière qui a eu lieu dans le passé et qui n’en doutons pas aura lieu demain.

Attention, tout est bon pour ces traquenards. Tout est bon, les préjugés bien sûr, le racisme et bien d’autres manÅ“uvres. Mais tu as parlé tout à l’heure des femmes eh bien ! la femme en tant que symbole est utilisée régulièrement pour tendre des traquenards aux ouvriers de premier niveau d’origine étrangère pour certains originaires du Maghreb et dont on dit qu’ils ont une certaine religion, peu importe laquelle, qui n’intègrerait pas et ne permettrait pas le respect de la femme. Alors vous avez des salariés licenciés pour faute grave pour avoir manqué de respect à une femme ou pour avoir refusé de dire bonjour. Tous ces faits sont faux. Mais quel est l’intérêt pour ceux qui mettent en avant de telles pratiques ? C’est que, quand on réunit le comité de discipline, l’ambiance internationale, la situation internationale fait que tout le monde approuve, sans savoir, le licenciement pour faute grave de ces collègues car pour les uns et les autres, le militantisme politique des extrémistes religieux est l’expression actuelle d’une forme de fascisme. Alors, dans le cadre de la lutte contre le fascisme, on sacrifie l’ouvrier. J’alerte tout le monde il faut prendre tout ça avec précaution et mesure car nous savons, nous n’aurons de possibilité d’avancer que si nous regardons bien sûr le passé mais pour résoudre les questions présentes ne pas se cacher la copie. Oh, vous savez, au début sur la dégradation de la condition ouvrière en France, les autorités avaient l’appui de sociologues : il n’y avait plus d’ouvriers ! Alors comme il n’y avait plus d’ouvriers, la condition ouvrière ne pouvait pas se dégrader Evidemment, la réalité est tout autre : il y a toujours des ouvriers.
Je crois que l’hommage que l’on doit rendre à la Commune de Paris c’est dire, non pas bien sûr son actualité -on en est tous convaincus- mais la Commune de Paris a répondu à quelques questions que nous nous posons toujours : comment réaliser l’échec des forces réactionnaires, l’échec du capitalisme ? Comment réaliser une avancée permettant à l’humanité de retrouver la voie du développement et du progrès ? La Commune de Paris a répondu : par la démocratie. La Commune de Paris a élu ses délégués au conseil général, ses 92 délégués. La Commune de Paris était appuyée sur des clubs dans lesquelles la discussion était permanente, nul n’était mandaté pour rédiger des lois à la place des uns et des autres. Pour ceux qui sont délégués du personnel comme je l’ai été pendant des années sachez que les élections dans les ateliers avaient lieu tous les 15 jours parce qu’il y avait le risque, au bout de deux semaines, que le délégué s’endorme quelque peu, le soir à la veillée, et oublie les revendications pour lesquelles il était mandaté. Le mandat c’est la Commune de Paris. La démocratie c’est la Commune de Paris. Le gouvernement ouvrier c’est la démocratie. La démocratie c’est le moyen, l’objectif, le but qui permet effectivement d’ouvrir comme perspective aujourd’hui la résolution de la question sociale par la question du pouvoir. Mais attention, ne croyons pas que les abstentions ou les reculs des partis, leur dislocation leur crise, leurs péripéties sont synonymes de régression de la pensée. C’est l’inverse !
Rarement dans le pays nous avons eu une telle conscience politique qui s’affirme, un tel dévouement, une telle disponibilité à l’idée nouvelle que la Commune de Paris a porté au plus haut : nous pouvons réaliser par nous-mêmes notre propre émancipation, l’émancipation sociale qui ouvrira la voie à un futur.
Je vous remercie.


D’ores et déjà, le Groupe Fernand Pelloutier de la Libre pensée 78 décide que le rassemblement de ce 11 novembre 2017 sera prolongé dans les mois et années à venir en répondant positivement aux différentes propositions :
– Projection du film : « Les fusillés pour l’exemple » d’Alain Moreau et Patrice Carbonat, suivi d’un débat.
– Participer aux commémorations organisées par l’Association du Mur des Fédérés de Versailles Satory au mur des fédérés en mai et octobre.
– Répondre positivement à l’Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 de commémorer les 150 ans de la Commune de Paris en 2021
– Mener la collecte pour recueillir les fonds nécessaires à l’érection du Monument en Hommage aux Fusillés pour l’Exemple.

Pour joindre et rejoindre le groupe Fernand Pelloutier
de la Libre Pensée des Yvelines :
………………….
Par courrier : Groupe Fernand Pelloutier 10 rue de la Paroisse 78000 Versailles

Par mail : Son président : Denis Langlet denislanglet@live.fr Son secrétaire : Gérard Reix gereix@gmail.com Sa trésorière : Hélène Jacquemin helene.jacquemin@wanadoo.fr

NOM Prénom :………………………………………………….
Adresse : ……………………………………………………………………………………………………
Mail :
Téléphone : ………………………………..

A.E.M.H.F.E.
Association pour l’Érection d’un Monument en Hommage aux Fusillés pour l’Exemple

RÉHABILITATION COLLECTIVE
DES FUSILLÉS POUR L’EXEMPLE !

Fidèle à sa tradition pacifiste, internationaliste, la Libre Pensée, depuis près de trente ans, mène le combat pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.

Elle poursuit ainsi la lutte menée par les familles, par les associations d’anciens combattants, par la Ligue des Droits de l’Homme, dès la fin de la guerre de 1914.

Mais aujourd’hui, en 2016, le mot réhabilitation n’a toujours pas été prononcé par les autorités de l’État. Cela ne saurait satisfaire tous ceux qui souhaitent qu’on rende leur honneur à ces hommes qui sont tombés sous des balles françaises.

C’est pourquoi la Libre Pensée a décidé d’ériger un monument pour rendre leur honneur aux 639 fusillés pour l’exemple, un monument de pierre élevé sur la ligne de front, dans l’Aisne.

La Libre Pensée appelle tous les citoyens à souscrire pour ce monument.

Ce n’est pas par goût du passé que la Libre Pensée, commémore ces hommes morts il y a un siècle. C’est parce qu’elle rejette la guerre, celle de 14-18, avec ses millions de morts et de blessés, ses millions d’obus et ses milliards de cartouches. C’est parce qu’elle rejette les guerres, celles d’hier et d’aujourd’hui.

BON DE SOUSCRIPTION
POUR L’ERECTION D’UN MONUMENT EN HOMMAGE AUX FUSILLES POUR L’EXEMPLE
Je verse : …………
(à partir de 50 €, délivrance d’un reçu permettant une déduction fiscale de 66 %)
Nom : ……………………………………..……………… Prénom :………………….………………………………..……
Association : …………………………………………………………………………………………………………………….….
Adresse : …………………………………………………………………………………….……………………………………….
Courriel : …………………………………………………………………………………………………………………………….
Chèque à l’ordre de : « A.E.M.H.F.E. » (Association pour l’érection d’un monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple)

A envoyer à : Aurigny - AEMHFE - 49 rue Quentin Barré 02100 Saint-Quentin


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