Rassemblement du 11 novembre 2015

samedi 30 décembre 2017
par  Grpe F Pelloutier
popularité : 12%

Groupe départemental
Fernand Pelloutier des Yvelines
de la Libre Pensée

Le 11 novembre 2015, le Groupe départemental Fernand Pelloutier a organisé un rassemblement à Versailles Satory devant le panneau commémoratif des combattants de la Commune de 1871 emprisonnés et assassinés par le gouvernement de Thiers.
A cette occasion, un double hommage a été rendu à ces combattants de la justice et du progrès social et aux 650 fusillés pour l’exemple lors de la guerre de 1914/1918.

Trois prises de paroles se sont succédé ; une gerbe composée d’œillets a été déposée et l’Internationale a été entonnée par les participants.
Un serment a ensuite été prononcé à l’issue du rassemblement.
Vous trouverez ci-dessous le déroulement de cette matinée.

Première prise de parole :

Notre groupe Fernand Pelloutier a ceci de particulier, au sein de la Libre Pensée, que sa fondation a voulu apporter un début de réponse à la nécessité, selon nous, d’une campagne ferme et décidée pour la défense de la loi de 1905.
La loi sur la laïcité fait totalement partie de cet ensemble d’acquis sociaux constitutifs de ce qui s’appelle « le modèle social français ».
J’attire votre attention sur le fait que nous entrons aujourd’hui dans une période brève mais très particulière et qui a un piège essentiel : Au nom de la présence grandissante de forces réactionnaires anti démocratiques, accepter une alliance dite démocratique de toutes les forces politiques, une sorte d’union nationale, sur l’objectif déclarée de réduire la place électorale occupée par le Front National.
Accepter une telle union nationale serait participer à la mise hors-jeu des organisations ouvrières et en premier lieu des organisations syndicales.
Ce serait renoncer aux exigences sociales, aux revendications.
Ce serait sacrifier cette liberté si fondamentale et si chèrement acquise : la liberté pour tous de s’organiser hors de tout contrôle étatique, en toute indépendance.
Ce serait placer le mouvement ouvrier sous la tutelle du capital financier.
Ce serait oublier les leçons de l’histoire et notamment les enseignements des années trente sur les causes de la montée du fascisme.
Les fondateurs du Groupe Fernand Pelloutier, sont majoritairement des syndicalistes.
Le piège tendu au monde du travail est simple : substituer aux problèmes sociaux des problèmes idéologiques, transformer les organisations syndicales qui luttent pour les revendications en organisations d’opinion qui lutteraient contre l’opinion du Front national pour l’opinion démocratique.
La caractéristique de l’opinion démocratique et républicaine c’est qu’elle n’a pas de frontière. Pas de frontière au sens négatif du terme, c’est-à-dire dont on ne sait pas quel est leur projet social.
En attendant, cela permettrait de réitérer l’opération réalisée par le Ministre Jules Ferry à l’époque où il déposait ses lois sur l’Ecole, c’est-à-dire substituer aux problèmes sociaux un problème religieux.
Et c’est exactement ce qu’ils veulent faire aujourd’hui pour diviser en utilisant les religions pour en faire un facteur d’opposition entre les travailleurs des différentes catégories, dans le cadre de la reconnaissance par tous que le danger premier c’est le Front national.
Alors que le premier danger c’est de tout accepter pour satisfaire aux exigences des multinationales et du capital financier.
Et là, nous avons une responsabilité très nette : c’est de refuser le schéma qui nous est proposé.
Les lois sur la liberté syndicale existent, il faut les défendre.
La loi sur la laïcité existe. Ce n’est pas une opinion, ce n’est pas une croyance et nous demandons le respect de la loi, de toute la loi, rien que la loi, et donc l’abrogation de toutes les dérogations à cette loi.
La loi Debré de 1958 est une dérogation à la loi qui fait que toutes les religions ne sont pas toutes sur le même plan. La loi de 1905 est une loi de liberté.
En acceptant les dérogations et la notion de laïcité « ouverte », on accepterait à partir de là que soient substituées à l’égalité des droits pour tous, des opinions, leviers de la division.
C’est pourquoi sera proposée à l’issue de ce rassemblement une déclaration, le serment de Satory.

Deuxième prise de parole :

Je vous apporte ici le salut fraternel de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des monuments pacifistes.
Il y a plusieurs raisons à notre rassemblement de ce jour en ce lieu.
Tout d’abord, Denis le rappelait, la création du groupe départemental Fernand Pelloutier qui a pris l’initiative de ce rassemblement.
Ensuite le combat engagé pour la réhabilitation des 650 fusillés pour l’exemple en France pendant la guerre mondiale de 14/18 et que soutient depuis des années la fédération nationale de la Libre Pensée.
Enfin, pourquoi ce lieu que certains d’entre vous connaissent mais qui est largement ignoré du grand public.
Il y a 144 ans, en ce lieu des dizaines de milliers de personnes étaient emmenées de force, parquées, emprisonnées.
Des centaines moururent à cause des privations et des mauvais traitements. La plupart étaient des maçons, des couvreurs, des menuisiers, des cafetiers, des bourreliers, des artisans, des enseignants, des jeunes et des vieux, des femmes et même des enfants.
Les murs qui empêchaient toute fuite et que vous pouvez encore distinguer entouraient l’ensemble du camp militaire et sont les vestiges de l’ancien domaine royal.
Nous étions en mai/juin 1871.
Depuis plusieurs mois, le peuple de Paris, les petites gens, les sans culottes du 19ème siècle que Lissagaray, militant engagé de la Commune et rédacteur d’une volumineuse et passionnante histoire de la Commune appellera « la classe qui produit tout », cette classe des sans voix était parvenue à se doter d’une représentation lui permettant de commencer à prendre son destin et ses intérêts en main.
L’effroi avait alors saisi la bourgeoise de l’époque devant cette audace populaire de prétendre décider de son sort.
Dès que les conditions le permirent, le gouvernement dirigé par M Thiers décupla les forces de la réaction et avec l’appui des prussiens et de toutes les forces de réaction entama un processus de répression rarement égalé dans l’histoire.
En quelques jours, du 21 au 30 mai, 40 000 communards furent arrêtés dans Paris et conduits à pied à Versailles où ils furent emprisonnés à l’Orangerie, aux Petites Ecuries, et dans ce camp de Satory et traités de façon inhumaine.
Pour en juger, voici ce que rapporte Lissagaray dans son Histoire de la Commune et dont je vous recommande la lecture : « Le vendredi soir un orage de plusieurs heures éclata sur le camp. Les prisonniers furent contraints sous peine d’être mitraillés de s’étendre toute la nuit dans la boue. Une vingtaine mourut de froid.
Le camp de Satory devint l’excursion favorite de la bonne compagnie versaillaise.
Le capitaine Aubry en faisait les honneurs aux dames, aux députés, aux gens de lettres comme Dumas fils en quête d’étude sociale, leur montrait ses sujets grouillants dans la boue, rongeant quelques biscuits, prenant des lampées à la mare où les gardiens ne se gênaient pas pour faire leurs ordures. Quelques-uns, devenant fous, se cassaient la tête contre les murs, d’autres hurlaient, s’arrachaient les cheveux et la barbe.
Un nuage pestilentiel s’élevait de cet amas vivant de haillons et d’épouvante.
Ils sont là disait « l’indépendance française », un journal de l’époque plusieurs milliers empoisonnés de crasse et de vermine, infectant à un km à la ronde. »
Lors des procès fabriqués, truqués, expéditifs par les tribunaux d’exception des paroles fortes furent prononcées par ces malheureux, par ces combattants.
Ce fut par exemple le cas de celle de l’ouvrier Trinquet qui revendiqua « l’honneur d’avoir rempli son mandat jusqu’au bout ». « J’ai été, dit-il, envoyé à la commune par mes concitoyens. J’ai payé de ma personne, j’étais aux barricades je regrette de ne pas y avoir été tué…Je suis un insurgé je n’en disconviens pas. »
Ou encore celle de Louise Michel, institutrice, tout entière dévouée à la cause commune de l’émancipation sociale : « Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue. J’appartiens toute entière à la révolution sociale, je déclare accepter la responsabilité de tous mes actes, Je l’accepte sans restriction. Ce que je réclame de vous qui vous affirmez conseil de guerre qui vous donnez comme mes juges c’est le champ de Satory où sont déjà tombés nos frères… puisqu’il semble que tout cÅ“ur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part. Si vous me laissez vivre je ne cesserai de crier vengeance, je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la commission des grâces. »
Lissagaray estime que le nombre de prisonniers qui furent assassinés s’éleva à 20 000. Le chef de la justice militaire déclara 17 000 fusillés.
C’est la mémoire de ces combattants, de ces morts de la Commune que nous sommes venus honorer aujourd’hui et pour lesquels nous déposerons une gerbe à l’issue de cette cérémonie.

Mais, l’histoire ne s’arrête pas et comme nous l’avons écrit dans l’invitation à cette commémoration, il ne faut pas oublier que les marchands de canons de l’époque, c’est à dire le capital, ouvraient la voie et préparaient les conditions de la guerre qui aurait lieu 40 ans plus tard, la guerre de 1914/1918.
Il y a donc 101 ans commençait la plus effroyable des guerres qui allait dévaster le monde, le continent européen et les peuples. Le bilan est celui d’une barbarie jamais égalée à l’époque et qui sera amplifiée dans les guerres suivantes.
Il y eut 70 millions d’hommes mobilisés sous l’uniforme, 10 millions de soldats tués, 9 millions de civils assassinés. Un soldat sur 10 a connu l’emprisonnement dans les camps pendant la guerre.
En France, ce sont 1 400 000 de soldats tués, 300 000 civils assassinés et 4 300 000 soldats blessés. La saignée fut telle que la France a perdu un quart de ses hommes de 18 à 24 ans.
La guerre ravageait tous les pays. Par exemple, il y eut entre 2,5 et 5 millions d’Ottomans tués, soit de 20 à 40% de la population de l’Empire. Avant 1914, les Arméniens représentaient 20% de la population anatolienne. Après 1915, ils n’étaient plus que 2%.
Il y a 101 ans, les économies et les pays furent ruinés dans cette gigantesque barbarie. Les dépenses de guerre représentaient, durant le conflit, un quart des budgets des Etats en conflit. Le paradoxe-mais en est-ce un véritablement ?- est que cette guerre fut d’abord européenne et déboucha sur la ruine de l’Europe.
Deux géants allaient naître de ce conflit : les États-Unis et la Russie soviétique.
Les Etats-Unis d’Amérique furent les véritables gagnants de ce conflit. Avant-guerre, ils étaient classés économiquement derrière le Portugal et militairement, ils furent battus par Pancho Villa dans le conflit avec le Mexique. Après la Première Guerre mondiale, ils commençaient à dominer le monde et à imposer leurs intérêts sur tous les continents.
Le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
Mais de cette guerre abominable allait aussi naître le mouvement des peuples qui, des décennies plus tard, mettrait en branle l’indépendance de l’Afrique du Nord, de l’Afrique noire et de l’Asie.
Les troupes dites coloniales, soit 600 000 hommes, avaient pu mesurer les faiblesses des armées impérialistes. Les colonisés engageaient un mouvement où ils allaient surmonter leur peur pour gagner leur liberté.

Il y a 101 ans, durant tout le conflit, des centaines de milliers de Chinois, d’Indochinois, de Marocains, de Tunisiens, d’Algériens et de Malgaches furent littéralement déportés de leurs pays d’origine pour travailler dans les usines à l’arrière du front.
Ils avaient interdiction de se mélanger aux autres travailleurs, car le Service des travailleurs coloniaux au Ministère de la guerre craignait, je cite textuellement : « qu’ils ne prennent goût aux boissons fortes et aux femmes blanches et ne découvrent les grèves et les syndicats ».
Pas de chance ! C’est ce qui arriva précisément.
Dans le déclenchement du conflit les torts furent largement partagés entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’un côté et la Triple Alliance (France, Grande–Bretagne, Russie) de l’autre. Chacune des puissances voulait gagner des parts de marchés et accroitre sa domination coloniale sur les peuples opprimés.
On croyait mourir pour la Patrie, on mourait pour les industriels.
La responsabilité des généraux, quel que fut leur uniforme, ne fut pas moindre. Ils voulurent et obtinrent leur guerre. Le plan allemand Schlieffen valait bien dans ses intentions le plan français XVII. D’ailleurs, le plan Schlieffen fut appliqué intégralement en 1940 par les troupes nazies d’Hitler. Mais tous les généraux ne se valaient pas.
La guerre fut le triomphe du défensisme contre la théorie imbécile et aventureuse de l’offensive à tous crins de Joffre.
La guerre fut aussi l’occasion d’une formidable campagne de propagande, véritable banc d’essai de ce que l’on connait aujourd’hui. Les bobards de guerre ont préparé la voie aux bobards médiatico-politiques de la pensée unique. Les flots d’encre ont toujours précédés les flots de sang.
Le sang appelle toujours le sang. Il fallait d’abord une victime expiatoire, il fallait aux barbares terrasser d’abord l’homme qui se dressait pour empêcher la boucherie.
Il leur fallait assassiner le grand Jaurès. « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » On ne cesse de poser cette question, tellement elle est décisive.
Voici ce que répondait Georges Clémenceau : « Je ne songe jamais sans un frisson à la première, toute première cause de la victoire. Elle porte un nom dramatique !... Le meurtre de Jaurès !… Si Jaurès n’avait pas été tué, je serais peut-être arrivé au pouvoir, mais ce dont je suis sûr, c’est que je n’y serais pas resté. J’étais debout, et je criais aux Français : “Je fais la guerre !” Lui se serait traîné à genoux, sanglotant : “Faisons la paix !” Le Monstre ! En une séance, il m’aurait renversé ! Voilà de quoi, mes amis, dépend le sort d’une nation : d’un assassin ! »
Même après sa mort, le premier flic de France vouait aux gémonies le grand Jaurès en le méprisant et en l’insultant.
Mais il indiquait clairement que la mort de Jaurès était la condition nécessaire pour le déclenchement de la grande tuerie.
Il y eut alors des millions de morts.
La barbarie voulait écraser d’effroi les travailleurs sous l’uniforme. 45 000 refusèrent la mobilisation et furent déserteurs et réfractaires.
Il fallait aux brutes galonnées terroriser les soldats.
Dès août 1914, des dizaines de soldats furent fusillés pour l’exemple. La machine à tuer ne fit que s’emballer.
Mais le « Tuer ou se faire tuer » laissa la place dans les tranchées au « Vivre et laisser vivre ».
Et les fraternisations commencèrent. Les mutineries suivirent. En Russie, les soldats constituaient leur soviet, élisaient leurs officiers, jetaient les fusils, ils refusaient la boucherie. Et la lueur de Février devint la lumière d’Octobre.
En 1917, sur le Front en France, 68 des 112 divisions se mutinèrent. La France commençait à parler le russe. Mais la répression s’abattit pour interdire la contagion. 629 soldats furent condamnés à mort et 50 furent effectivement fusillés … pour l’exemple.
Il y eut 639 Fusillés pour l’exemple durant ces années de guerre, victimes de la haine et d’une justice militaire aux ordres. Leurs camarades et l’opinion démocratique combattirent inlassablement pour que l’honneur leur soit rendu. 40 furent réhabilités entre les deux guerres.
Il en reste 600 dont il faut laver l’opprobre.
Pour eux, pour leur famille, pour la République, pour la vieille CGT dont nombre d’entre eux furent membres, ce qui les désigna souvent comme « meneurs » à la vindicte de généraux assassins.
Aujourd’hui il est hautement significatif que dans les deux Confédérations ouvrières issues de cette vieille CGT se trouvent des mots communs pour condamner l’acharnement d’une vengeance de classe dans les choix faits par les hauts-gradés de faire fusiller tel ou tel poilu.
Vous avez sans doute eu connaissance de l’appel commun, que je vous invite à faire connaître, des deux Unions régionales Ile France de la CGT et de Force Ouvrière pour la réhabilitation des ouvriers, soldats sous l’uniforme et fusillés pour l’exemple.
La cause de la réhabilitation est aussi désormais celle du mouvement ouvrier, ce qui n’étonnera que les ignorants, puisque cette cause est une cause humaine.
La même haine et la même vindicte des gradés et des gouvernements poursuivent à travers l’Histoire les Fusillés pour l’exemple.
Les Présidents de la République sont aux ordres de l’armée. Rien ne doit déplaire à la Grande muette qui l’est surtout quand il s’agit de rendre justice et honneur aux victimes et à leurs familles.
Mais cette bataille, ils l’ont encore perdue, surtout dans l’opinion publique démocratique qui les a voués aux gémonies pour leurs turpitudes honteuses.
Le Président de la République s’est renié, une fois de plus. On n’a rien à attendre de lui. Il ne peut, en effet, envoyer la troupe aux quatre coins du monde pour les « opérations extérieures », c’est-à-dire pour des guerres coloniales qui n’osent pas dire leur nom, et rendre justice à ceux qui ont dit non à la guerre.
C’est le peuple souverain qui prononcera la réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918.
La République, c’est nous. C’est pourquoi, la Libre Pensée a pris l’initiative d’une souscription nationale pour que soit érigé un monument sur la ligne de Front en hommage aux Fusillés pour l’exemple. Nous vous appelons à y souscrire massivement. Plusieurs sculpteurs ont déposés des projets, nous choisirons bientôt parmi ces œuvres proposées.
Fin 2014, à Soissons, nous avons tenu un colloque sur les généraux fusilleurs. Une sentence les condamnant a été prononcée. Vous pouvez en prendre connaissance sur le site internet de la Libre Pensée.
Les 28 et 29 novembre 2015, se tiendra aussi à Saint-Nazaire un colloque national sur les mutins, réfractaires, insoumis, déserteurs et objecteurs de conscience. Hommage sera rendu à Nicolas Faucier, militant libertaire et pacifiste.
En proclamant la réhabilitation collective des 639 Fusillés pour l’exemple, en condamnant les généraux assassins, nous gravons dans le marbre de l’Histoire cette devise du Bureau international du Travail : « Si tu veux la paix, cultive la justice ».
Les militaires, les patrons et les curés veulent faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. Ils veulent un nouvel ordre mondial sous la houlette de la Troïka : FMI, Banque mondiale, Union européenne.
Comme en 1914, ce sont toujours les peuples que l’on saigne et que l’on tue.
Ils ont tué Jaurès, mais ils n’ont pu tuer son enseignement.
Voici ce que disait le premier exécuté pour l’exemple de la Première Guerre mondiale : « Nous savons que dans l’état du monde et de l’Europe les nations distinctes et autonomes sont la condition de la liberté humaine et du progrès humain.
Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourrait être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes.
Nous ne voulons pas d’une domesticité internationale, nous voulons l’Internationale de la liberté, de la justice et du droit ouvrier. »
Quelle prémonition dans la part de Jaurès !
Jaurès reprenait Victor Hugo : « La liberté commence où l’ignorance finit ».
C’est pour en finir avec l’ignorance, pour faire triompher la liberté et, en premier lieu, la liberté de conscience qui est la matrice principielle de toutes les libertés, que la Libre Pensée a pris l’initiative de l’organisation d’une manifestation nationale laïque le samedi 5 décembre 2015 à 15h, place de la République à Paris, à l’occasion du 110e anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.
Je vous remercie.

Troisième prise de parole :

Lorsque j’ai appris que le groupe Pelloutier organisait un rassemblement ici même j’ai eu envie de relire des lettres de la grande révolutionnaire de la Commune : Louise Michel.
Etant, comme elle, institutrice, j’ai à cÅ“ur de vous faire partager quelques-uns de ses écrits :
Comme nous sommes dans un rassemblement de la Libre Pensée, la première lettre que j’ai sélectionnée était adressée par Louise Michel au comité de la Libre Pensée du XVème arrondissement qui, par manque de moyens, avait jugé plus à propos d’employer des drapeaux tricolores au lieu d’acheter les drapeaux écarlates pour la décoration de la salle.
« Citoyens, comment la libre pensée du 15e arrondissement supporte-t-elle le drapeau tricolore mêlé au drapeau de la révolution ?
Au moment où votre lettre m’est parvenue mon intention était d’arracher et de fouler au pied ce chiffon honteux de la réaction triomphante.
Votre lettre m’avertissant, je ne le puis plus. Si vous voulez que j’aille à la conférence, ôtez ce drapeau tricolore. (Plutôt pas de drapeau que celui-là.) Je vous salue. »
Dans une autre lettre de 1880, elle écrivait : « Pour ma part, je ne m’occupe guère des questions particulières, étant, je le répète avec tous les groupes qui attaquent soit par la pioche, soit par la mine, soit par le feu, l’édifice maudit de la vieille société !
Salut au réveil du peuple et à ceux qui, en tombant, ont ouvert aussi grandes les portes de l’avenir, que toute la révolution y passe ! »
Le 9 septembre 1871 depuis la maison d’arrêt cellulaire de Versailles, Théophile Ferrer, dirigeant de la Commune et qui fut emprisonné dans ce camp de Satory puis condamné à mort et exécuté à coups de sabre répondait ainsi à Louise Michel :
« Ã€ la citoyenne Louise Michel prisonnière d’État.
Chère citoyenne, j’ai reçu votre charmant souvenir et j’ai lu avec le plus vif intérêt votre poésie si touchante et si triste, que la persécution ne peut que rendre encore plus vraie et plus véhémente.
Sur beaucoup de points, vous le savez, il y a conformité d’opinion entre nous et, ce stoïcisme que je reconnais chez vous, moi-même je n’en suis pas complètement dénué. Lorsque, comme nous, on a fait depuis longtemps le sacrifice de sa vie, on est bien fort et rien ne peut venir nous surprendre ni nous atteindre.
Cependant, même prisonniers, il ne faut pas perdre tout espoir, on doit examiner froidement sa situation. L’acharnement de nos vainqueurs contre des adversaires désarmés et impuissants est une preuve de faiblesse.
Ils viennent de condamner trois femmes à la peine de mort : trois ouvrières mère de famille. Il leur fallait du pain, des soins, elles auront du plomb !
Et il y a des gens, sortis il est vrai, de la vile multitude, qui trouvent qu’une société semblable est inique et que le moment est venu de la modifier profondément ! Sont-ils assez criminels !
Soyez-en donc convaincue, les idées ne font un chemin rapide qu’en raison directe des violences exercées contre ceux qui les propagent. On ne tuera pas tous les socialistes, ils sont trop nombreux et ceux qui échapperont feront des disciples.
L’avenir nous appartient… signé Théophile Ferrer. »
Enfin concernant le positionnement vis-à-vis de la religion de cette infatigable combattante de la liberté, de la pensée libre et de la justice sociale, Louise Michel écrivait au recteur catholique de l’académie de Chaumont :
« C’est parce que j’ai cru en Dieu dans mon enfance et ma première jeunesse, que je sens la nécessité d’ôter de l’éducation cette erreur qui la couvre de ténèbres. Oui, votre souvenir et celui de Madame Ferrer me sont restés.
Mais cela ne m’a pas empêché de sortir de l’idée fausse que je partageais alors avec vous, idée que je ne veux pas laisser à d’autres, dont l’esprit serait moins chercheur et dans le caractère serait moins énergique.
Il est probable que je serais restée plus longtemps dans l’erreur si, me penchant sur toutes les misères, surtout sur celle qui m’a toujours causé le plus d’horreur : la prostitution, je n’avais pas vu qu’en effet, les ouvroirs religieux et les maisons de prostitution sont sur la même ligne comme foyer de corruption… je ne pouvais croire longtemps, ayant quelque bon sens et surtout le sentiment de la justice et de l’égalité, à un dieu éternellement tyrannique, tourmenteur et injuste.
Puisque je maudissais l’empire, j’en devais arriver à nier le principe de toutes les tyrannies.
Tout enfant, j’avais arrosé de larmes l’histoire des Gracques, et je ne pouvais croire longtemps à une religion qui dégrade et avilie par l’idée d’une récompense.
Puisque je saluais en passant toutes les victoires, puisque j’avais soif du monde nouveau, vous voyez donc, par les vers que vous citez, que je devais appartenir à la Révolution sociale.… »

« Serment de Satory » du groupe Fernand Pelloutier de la Libre Pensée :

Aujourd’hui 11 novembre 2015, à la veille des élections régionales de décembre 2015, un véritable piège est en train d’être tendu aux travailleurs et à leurs organisations.
Préparée depuis des semaines par une intense campagne médiatique, la priorité de l’heure serait de constituer dans tout le pays un front républicain, rassemblant toutes les forces politiques du pays à l’exception des « extrêmes ».
Le Premier Ministre Manuel Valls va jusqu’à proposer à tous les partis institutionnels la fusion dans une même liste aux élections régionales, un seul front dit « républicain » contre le Front National et sa supposée inexorable progression électorale.
Le piège est clair.
Amplifiant la politique poursuivie par N. Sarkozy, le gouvernement Hollande s’est engagé dans les contre-réformes exigées par les banques et la finance internationale, tout en étant incapable d’assurer la sécurité de tous les citoyens.
Comme l’avait déclaré, Denis Kessler (alors vice-président du Medef) : « La liste des réformes ?, disait-il, c’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance. »
En générant chômage, misère, bas salaires et surexploitation, cette politique fait voler en éclats le modèle social français et fournit le terreau au développement des thèses et des forces les plus réactionnaires dans notre pays.
Avec un tel front républicain, nos organisations syndicales seraient sommées de se soumettre aux exigences financières de la Troïka (FMI, UE, Banque Mondiale), de se fondre par le dialogue social, dans l’accompagnement des mesures d’austérité et de dislocation des acquis sociaux de notre pays.
Parions que ces tenants de l’union nationale conseilleront aussi aux organisations syndicales de mener une campagne idéologique dans toutes les entreprises contre le racisme et le FN.
C’est pourquoi, en tant que Libres penseurs, nous, militants présents, à l’appel du Groupe Fernand Pelloutier de La Libre Pensée des Yvelines, pour commémorer les combattants de la commune de Paris de 1871 et les fusillés pour l’exemple de la grande boucherie de 14/18, faisons le serment d’agir :
– pour l’unité ouvrière pour la satisfaction des revendications,
– pour la défense de l’indépendance de nos organisations syndicales contre toutes les tentatives de les intégrer dans un quelconque front républicain ce qui n’aurait d’autre but que de les museler,
– pour la défense des lois de libertés et leur stricte application :
- la loi de 1905 sur la laïcité avec abrogation de la loi Debré de 1958 permettant la dérogation à cette loi,
- la loi de 1884 autorisant l’existence d’organisations syndicales sans contrôle de l’Etat
– pour la Paix et donc pour le retrait des troupes françaises de tous les terrains d’intervention dans lesquels elles sont engagées.
Rappelons que ce rassemblement et ce serment
ont eu lieu le 11/11/2015 soit 2 jours avant les attentats du 13/11/2015

Le dépôt de la gerbe a été accompagné de la lecture des noms des huit fusillés pour l’exemple natifs des Yvelines. Deux d’entre eux étaient maçons, deux couvreurs et un charretier. Il s’agissait de BRIERE Henri Désiré, DUFLOS André, DURAND Paul Eugène, FROMENTEAU François Alexandre, JAMES Charles Eugène, KLEIN Alfred Léon, Le ROUX René Jean, LEBOUC Marcel Jules Gilbert.
(Sur le site du ministère des armées, une section est dédiée aux fusillés pour l’exemple dans laquelle on peut lire entre autre le fac-similé de leur condamnation.)
Pour eux et tous les autres, nous exigeons leur réhabilitation.

Avec la Libre Pensée :
Manifestons ensemble
pour la défense de la loi de 1905 !
Paris, place de la République,
à 15H, le 5 décembre 2015
Réservez votre place dans les cars qui seront retenus pour y participer.

Pour joindre et rejoindre le groupe Fernand Pelloutier des Yvelines de la Libre Pensée :
Par courrier :
Groupe Fernand Pelloutier (A l’attention de Denis Langlet) 25 Ave Paul Vaillant Couturier 78190 Trappes
Par mail :
Son président : Denis Langlet denislanglet@live.fr
Son secrétaire : Gérard Reix gereix@gmail.com
Je souhaite adhérer à la Libre Pensée :
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