1914 - 1918 A propos des silences médiatiques !

Les fusillés pour l’exemple, les soldats coloniaux et leur « enrôlement ».
dimanche 22 novembre 2015
par  lpNord
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Les discours politiques et médiatiques à l’occasion de la commémoration de l’armistice font toujours apparaître au moins trois angles morts : Putain-de-guerre-Tardi
– Le silence assourdissant sur les mutineries de soldats,
– Le mutisme généralisé sur les conditions de recrutements des « tirailleurs » issus des colonies,
– L’absence de référence aux modalités d’utilisation de ces soldats coloniaux.

Ces angles morts non exhaustifs sont au service d’une conclusion mensongère assénée en permanence : l’Europe c’est la paix.

Le silence médiatique permet de classer la question, mais pas sur votre Radio. Avec Said Bouamama, on parle de patriotisme, d’union sacrée . . . . . .

« La paix a besoin de militaires (François Hollande)
« La guerre, c’est un massacre de pauvres gens qui ne se connaissent pas, qui se massacrent au profit de gens qui se connaissent, mais ne se massacrent pas ». (Paul Valéry)

La Libre Pensée, c ’est le second Samedi de chaque mois à 11h30 sur Radio Campus Lille !

Pour écouter ou bien télécharger l’émission en mp3 cliquez sur ce lien

Ceux qu’ont le pognon,
ceux-là reviendront,
Car c’est pour eux qu’on crève,
Mais c’est bien fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève,
Ce s’ra vot’ tour messieurs les gros,
D’monter sur le plateau,
Et si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau !

La chanson de Craonne

A PROPOS DES FUSILLÉS POUR L’EXEMPLE
Durant le Premier conflit mondial de 1914 – 1918, qui fit des millions de morts sur les champs de bataille et les tranchées, il existe aussi un crime barbare qui vit exécuter par leur propre armée des milliers de soldats dont le seul crime avait été d’être terrorisé par la violence meurtrière des combats et des armements. Messes, bénédictions, prières et confessions... ne changèrent rien à cette barbarie. Bien au contraire.

Les historiens estiment à :
639 Fusillés pour l’exemple en France
256 Fusillés pour le Royaume-Uni
23 pour le Canada
26 pour l’Irlande
5 pour la Nouvelle-Zélande
12 pour la Belgique
50 pour l’Allemagne
800 pour l’Italie

Cela est sans compter les exécutions sommaires et les exécutés non recensés. Un seul fusillé pour l’exemple est déjà un crime de guerre, des milliers sont des crimes contre l’Humanité.
Ces exécutions pour l’exemple conduiront, bien plus tard, à reconnaître le traumatisme des tranchées, plus connu sous le nom de Shell Shock. C’était la vengeance posthume des milliers de soldats passés par les armes pour lâcheté.

Pour autant, la plupart de ces pauvres hommes n’ont jamais été réhabilités, ni leur honneur rétabli, ni leurs familles rendues au sentiment de leur dignité. Le Royaume-Uni en 2005 a promulgué une loi pour « effacer les fautes » des 306 fusillés pour l’exemple, et ainsi leur accorder un forme de « pardon ». Un monument a même été érigé dans le Staffordshire en leur mémoire.
Mais dans les autres pays, rien de tel n’a été entrepris. En France, la Libre Pensée, à côté et avec d’autres associations (anciens combattants, pacifistes, de défense des Droits de l’Homme) ont engagé une action vigoureuse pour leur réhabilitation collective.

Le mouvement libre penseur, humaniste et laïque est, par essence, profondément pacifiste et internationaliste, car il ne pense pas que la guerre soit la solution aux problèmes de l’Humanité. Il existe bien d‘autres voies pour régler pacifiquement les conflits.
C’est pourquoi, dans tous les pays concernés, quand cela n’a pas encore été fait, il faut rendre leur honneur, sous la forme qu’ils décideront comme la plus appropriée, à ces milliers de soldats fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale.

Un monument pour les 639 Fusillés pour l’exemple,Le lien

LES SOLDATS ET TRAVAILLEURS COLONIAUX EN 14 18 

À l’époque coloniale, les forces françaises sont réparties en trois grands ensembles distincts : l’armée métropolitaine, les troupes coloniales (la Coloniale) et l’Armée d’Afrique qui dépendent d’un seul état-major général.

Dans la terminologie militaire, les Troupes coloniales désignent les troupes « indigènes », hors Afrique du Nord, et métropolitaines appartenant aux anciennes formations de Marines (« marsouins » de l’infanterie et « bigors » de l’artillerie), qui fusionnent en 1900 pour former l’« Armée coloniale ». Ces troupes se distinguent donc des troupes d’Afrique du Nord, « indigènes » (Tirailleurs, Spahis...) et européennes (Zouaves, Chasseurs d’Afrique, Légion étrangère...), qui forment l’Armée d’Afrique (19e Corps d’Armée) provenaient essentiellement des DOM d’Algérie.Certains régiments étant mixtes regroupant des juifs,des chrétiens et des musulmans comme les zouaves ou les tirailleurs..

Cependant, lors de la Première Guerre mondiale, la mobilisation d’un grand nombre de troupes « indigènes » provenant de toutes les parties de l’Empire fit que le langage commun confondit les appartenances et qualifia de « troupes coloniales » toutes les troupes d’outre-mer (Indigènes de l’Armée coloniale et de l’Armée d’Afrique), à l’exception des soldats d’origine européenne.

On peut estimer que l’Empire français a fourni, en quatre années de guerre, entre 550 000 et 600 000 « indigènes » à la « mère-patrie », dont 450 000 vinrent combattre en Europe ; environ 270 000 mobilisés, dont 190 000 combattants, étaient des Maghrébins, 180 000 mobilisés, dont 134 000 combattants, des « tirailleurs sénégalais » ; les autres venant de toutes les parties de l’Empire, de Madagascar, de l’Indochine, de l’Océanie et de la Côte des Somalis[3].

Les « indigènes » représentent ainsi 7% des 8 410 000 mobilisés de l’armée française mais près de 15% des effectifs combattants[4]. Ils sont affectés très majoritairement dans les régiments de tirailleurs. La proportions de Français au sein des régiments de Tirailleurs nord-africains est d’environ 20 % et un peu moins dans les bataillons de sénégalais.

La France, souligne l’historien canadien Myron J. Echenberg est « la seule puissance à imposer la conscription universelle des hommes aussi bien en période de paix qu’en temps de guerre, et ce, sur presque un demi-siècle, soit de 1912 à 1960. Voyons comment se réalisent ces « recrutements » en commençant par l’Afrique subsaharienne et en donnant la parole au comité scientifique international de l’UNESCO : 
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« Après l’ouverture des hostilités, alors que l’Afrique occidentale comptait à elle seule 14 785 soldats africains, il fut décidé d’en recruter 50 000 autres au cours de la période 1915-1916. C’est alors que commença en Afrique française ce que le gouverneur Angoulvant a appelé « une véritable chasse à l’homme » et que Jide Osuntokun a récemment qualifié de nouvelle traite des noirs. Ayant à fournir un certain contingent de recrues, les chefs s’emparaient d’étrangers et d’anciens esclaves pour éviter d’enrôler leurs enfants ou leurs parents.

Les naissances n’étant pas enregistrées, nombreuses furent les recrues qui avaient dépassé ou n’avaient pas encore atteint l’âge de porter les armes. Mais comme nous le verrons, la campagne de recrutement provoqua d’importantes révoltes, et il fut impossible de lever des troupes dans les régions en rébellion. » 
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Les révoltes contre la conscription sont fréquentes. A l’issue de l’une d’elle au Mali, le gouverneur François Clozel est contraint de constater « l’hostilité incoercible, absolue, définitive des populations au recrutement ». La situation n’est pas meilleure en Afrique du Nord. Voici un témoignage de révolte contre la conscription dans la région de Mascara en Algérie : 
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« La population de Sidi Daho se révolte le 21 septembre 1914 et refuse que les quarante enfants recensés pour le service militaire partent. Les notables furent arrêtés et les jeunes emmenés de force à la caserne, sans l’examen médical préalable et sans le tirage au sort prévu. L’armée française occupa la région, installa canons et mitrailleuses. Certains détenus ne seront libérés qu’à la fin de la première guerre mondiale en novembre 1918, d’autres envoyés à Cayenne dont un seul reviendra après la deuxième guerre mondiale. »



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