Parcours républicain à Louviers

vendredi 19 septembre 2014
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La Libre Pensée s’appuie sur le parcours républicain d’Ernest Thorel, maire républicain et laïque de Louviers (1842-1906), pour lancer son projet de parcours républicain départemental.

Dans le Code de bonne conduite républicaine que la Libre Pensée a adressé, ces dernières années, à tous les élus du département, nous les invitions, entre autres, à :

« Honorer les illustres figures ayant participé à la construction et à la défense de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat

Combien d’écoles, de collèges, de lycées, de rues, d’institutions publiques portent le nom d’une figure illustre ayant participé à la construction de la loi de 1905 ?
Des milliers !
Combien de concitoyennes et de concitoyens seraient en mesure d’associer ces figures à la loi sur la laïcité ?
La probable réponse fait peur !

Il y a, dans ce domaine, un fantastique et intéressant travail de vulgarisation à réaliser dans toutes les communes, afin de faire revivre, entre autres, les combats pour la laïcité de : Victor Hugo, Littré, François-Vincent Raspail, Paul Bert, Ferdinand Buisson, Aristide Briand, Auguste Blanqui, Clemenceau, Emile Zola, Romain Rolland, Victor Basch, Edouard Herriot, Anatole France, Jean Jaurès, Bertrand Russel, Jean Rostand, Jules Ferry, etc. »

N’étant jamais si bien servi que par soi-même, nous avons décidé d’ouvrir la voie en lançant un projet de parcours républicain départemental.

Nos camarades Claude Duflo et François Charmot se sont mis au travail, en relevant entre autres, les noms de rues et d’établissements scolaires portant les noms de républicains les plus connus, sans, pour autant, que l’on connaisse suffisamment leurs engagements.

Au cours de leurs recherches, ils ont découvert l’excellente étude de Bernard Bodinier, Maître de Conférences à l’IUFM de Rouen et président de la Société d’études diverses de Louviers, sur « Ernest Thorel maire républicain et laïque de Louviers ».

Nous avons alors opté de lancer notre projet de parcours républicain autour de la vie de Ernest Thorel ; nous vous en présentons aujourd’hui le résultat.

Jules Ernest Thorel

« Jules Ernest Thorel est né à Louviers le 9 septembre 1842, fils d’un modeste vannier qui vendait sa marchandise au détail dans une petite maison de commerce sise au 54 de la rue du Neubourg. 

 Modeste, Thorel l’est resté toute sa vie, ne se faisant construire une maison, ancienne route d’Évreux qu’en 1905 (il ne l’habitera qu’à partir de mai 1906, pour quelques mois). Il la lègue d’ailleurs à la ville à sa mort (c’était son seul bien), en même temps que sa bibliothèque, ses insignes et décorations.

Il meurt d’une congestion pulmonaire, le 23 octobre 1906, à l’hôtel de l’Union Nationale, place de Budapest à Paris. Son corps est ramené en train à Louviers puis acheminé à son domicile, accompagné par le corps municipal. Il est enterré dans sa bonne ville le vendredi 26 octobre 1906, sans fleurs ni couronnes, sans discours non plus. Tout dans le portrait de cet homme, y compris l’attention qu’il portait, dit-on, à ses neveux et nièces, indique qu’il n’a jamais renié ses humbles origines et qu’il s’est consacré à la vie politique, mû par un idéal profond.

Uniquement civiles, ses funérailles sont célébrées en présence des personnalités du département (privées de discours par la volonté du défunt), de nombreuses délégations d’associations menées par la société de gymnastique la Jeune France, la Libre Pensée et la 489e section des Prévoyants de l’Avenir qu’il avait créées. Les enfants de toutes les écoles viennent ensuite, devant les gendarmes, le personnel de l’hospice... Le char funèbre, recouvert d’un drapeau tricolore, avec la plaque de sénateur et l’écharpe de maire, est suivi de la famille et de la municipalité, puis des corps constitués et d’une foule estimée à plusieurs milliers de personnes. Le cortège s’arrête un moment à l’hôtel de ville avant de gagner le cimetière. Les commerçants ont baissé leur rideau pour marquer leur sympathie envers l’un des leurs.
La place de Rouen devient Ernest Thorel par décision du conseil municipal du 27 mars 1908 et son buste en bronze, placé dans une niche du Musée, est inauguré le 27 septembre suivant.

En novembre 1879, la commission scolaire -présidée par Thorel- propose, "l’instruction ‚tant la base de notre régime démocratique", de construire une école de dix classes pour les garçons : ce sera le groupe scolaire du boulevard de l’Ouest, plus tard Jules Ferry, à quelques dizaines de mètres de la maison des frères. Malgré quelques protestations, la première pierre est posée le 23 octobre 1881 et l’inauguration a lieu le 8 octobre de l’année suivante.

On lui doit d’importants travaux…la construction des bureaux de l’hôtel de ville, l’école Beaulieu, un projet de maternelle (le Murier), l’agrandissement des écoles laïques de garçons et de filles...

Nous avons l’intention d’inviter la municipalité de Louviers à signaler ces lieux par une plaque évoquant la vie d’Ernest Thorel, car, comme nous allons le voir, ses convictions et ses engagements républicains et laïques méritent une attention particulière.

« â€¦ il faudra de longues années pour que les idées défendues par les Républicains l’emportent sur la Réaction. Comme ailleurs, l’enjeu est de taille à Louviers, petite ville de 10 000 habitants, célèbre pour son industrie textile, il oppose les Républicains à leurs adversaires conservateurs de tous bords. C’est dans ce contexte national et local que s’impose Ernest Thorel, dont le parcours s’inscrit dans la conquête du pouvoir par les Républicains.

Conseiller municipal dès 1874, maire en 1887, député puis sénateur, il incarne le combat républicain des idées de liberté et de progrès de l’époque. "Ferryste" avant la lettre, il s’attache à la promotion de l’école publique à laquelle il consacre ses efforts.

Tout son parcours politique marque l’attachement de Thorel aux idées républicaines… Répondant à l’appel de Gambetta, il participe à la fondation du Comité républicain de la ville dont le pharmacien Garnier prend la présidence… En juillet 1889, il affronte le général Boulanger, qui avait décidé de se présenter dans deux cantons de l’Eure, et le bat par 2 505 voix contre 1 271. Candidat anti boulangiste et antirévisionniste, il s’attaque aux "partisans des régimes déchus qui livrent avec le concours d’aveugles renégats un dernier assaut à la République" et il termine sa profession de foi par "Vous ne voudrez pas par un vote plébiscitaire exposer notre belle patrie à de nouvelles calamités".

Républicain, Ernest Thorel l’est incontestablement mais, sauf dans le domaine de la laïcité, il se montre très modéré, ce que tout le monde reconnaît.

Il a la conviction profonde de lutter pour le triomphe de la République et des idées de progrès et de liberté qu’il dit ne jamais avoir séparées. … Lors des élections de 1901 au conseil général, il affirme : "J’ai toujours défendu une politique fermement républicaine. Plus que jamais, je crois que la République peut seule donner au pays un idéal de justice et de liberté auquel ont droit tous les citoyens".

Il se réclame de la Révolution Française lorsque, le 30 avril 1889, il prononce une allocution à propos du centenaire de la réunion des États Généraux : "Nous qui profitons de bienfaits qui nous ont été légués par nos pères, souvenons-nous de cette époque mémorable où leur énergie et leur persévérance accomplirent de si grandes choses et préparons-nous en inaugurant parmi nous une période de paix et de fraternité à fêter la date à jamais mémorable de nos libertés publiques".

Il se rallie à Waldeck Rousseau pour sa politique sur les associations, amorce de la séparation de l’Église et de l’État qu’il a toujours revendiquée.

Dans son testament, il écrit : "J’ai la profonde conviction que la morale seule peut unir les hommes et que la religion ne peut que les diviser. Je n’ai jamais pratiqué aucun culte les croyant tous inutiles et nuisibles au bon fonctionnement de la société". Cette affirmation péremptoire a effectivement guidé nombre de ses actions. A la fin des années 1870, il fonde une société de pensée dont il reste le président et le drapeau de la Libre Pensée enveloppe son cercueil. Il a toujours réclamé la séparation de l’Église et de l’État qu’il vote en juillet 1905
.
(Ce drapeau datant de 1880 a été retrouvé, dernièrement, aux pompes funèbres générales de Louviers. Celui-ci a vraisemblablement recouvert le cercueil d’Ernest Thorel)

A ce stade, il est intéressant de faire le lien avec le grand-père de Claude Duflo, Edouard Duflo qui a adhéré à la « Libre Pensée, Société de Louviers et des environs. » dont, le fondateur fut vraisemblablement, en 1870, Ernest Thorel. Edouard Duflo a habité pendant 60 ans au 18, rue Linant à Louviers.

… c’est surtout en matière scolaire qu’il prouve son attachement à l’enseignement public, gratuit et laïque, comme fondement de la République.

A un opposant qui invoque la liberté du père de famille de choisir l’école de son choix, il rétorque : "Les pères de famille ont bien le droit d’envoyer leurs enfants dans les institutions libres pour leur donner une instruction selon leurs goûts mais l’État ne doit pas soutenir une institution dont l’enseignement est bien trop souvent dirigé contre lui. Il est bien malheureux qu’une commune subventionne une école dont le but n’est que d’entretenir la discorde et les préjugés dans les esprits. Ceux qui ont fondé cette école n’avaient d’autre but que celui de détruire les instructions laïques, libres, florissantes à cette époque : ils n’y ont que trop bien réussi".
Aujourd’hui avec en particulier, la Libre Pensée, il combattrait sûrement la loi Debré faisant le lit des écoles confessionnelles.

Bernard Bodinier conclu à juste titre :
« Son combat, républicain et laïque, fut celui de ceux qui ont fait la République et l’ont durablement installée en France. »

Libre Pensée entend donc prolonger le combat d’Ernest Thorel, pour se faire, elle va continuer, dans chaque ville à mettre en valeur « les parcours républicains », pour, à terme, proposer aux Eurois un PR 27 (Parcours républicain 27), évocateur, instructif et mobilisateur.

Toutes celles et tous ceux qui voudront bien s’associer à ce projet seront les bienvenus.

librepensee27@gmail.com


Le drapeau de la Libre Pensée de Louviers qui a servi à recouvrir le cerceuil d’ Ernest Thorel a été retrouvé , il porte encore un morceau de crêpe noir et l’écharpe de sénateur de M Thorel.


Portfolio

statue fondue sous vichy drapeau de la LP de Louviers dos du drapeau JPEG - 100.1 kio drapeau dos

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