Manifestation La Barre du dimanche 29 juin 2014

vendredi 27 juin 2014
par  lpOise
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La Libre Pensée de l’Oise invite tous ceux que l’intégrisme catholique exaspère à venir à la manifestation La Barre

Acquitté ! Le jeune La Barre ne l’a pas été, alors qu’il n’aurait mérité qu’une semonce paternelle, pour reprendre ce qu’en disait Denis Diderot.

Acquitté ! Le docteur Bonnemaison a été acquitté alors que les médias le donnaient coupable et que le Conseil de l’ordre des médecins l’a purement et simplement viré de ses rangs.

Au lendemain du très sage jugement populaire du procès inique fait au docteur Bonnemaison par les tenants de la violence religieuse au corps humain, nous manifesterons cette année encore avec nos amis du Groupe La Barre d’Abbeville.

Le docteur est acquitté. La justice des hommes est passée. Elle condamne les tenants fossilisés d’un temps où l’Église avait tout pouvoir sur la justice et pouvait se permettre de mettre à mort un jeune homme de 19 ans, un peu effronté.

Et 9 français sur 10 veulent que les mourants ne souffrent pas. Le jury unanime a décidé que ce docteur avait agi en docteur. Il a été applaudi. Elle lui donne raison. Il a agi comme un homme doit agir, humainement. Enfin s’est exprimée la sagesse populaire.

Le Conseil d’État a lui aussi pris le parti de ne pas prolonger les souffrances d’un corps inerte. Il est temps que les intégristes catholiques quittent les postes de décision où leurs avis sont plus écoutés que la majorité de la population et des juristes. Voir le communiqué de la FNLP sur la question. Que passe la justice de la République. Nous n’avons que faire d’une justice européenne aux règles de décision et aux responsables autoproclamés.

La date de la manifestation est toujours fixée au dimanche le plus près du 1er juillet, jour de l’exécution du jeune La Barre. L’an dernier, c’était le 30 juin. Cette année, c’est le 29 juin. Même lieu, même heure.

Déplacement en train (Intercités n°2007) entre Paris et Abbeville à 8h28 gare du Nord avec arrêts à Creil, Clermont, Amiens et arrivée à Abbeville à 10h26.

Cette année, après le dépôt de gerbe sur le lieu du supplice du Chevalier, nous sommes conviés à un pot suivi d’un pique nique sur les bords de la Somme, si le temps le permet.



Sous la pluie battante, nous étions quand même là, serrés sous des parapluies insuffisants, à écouter les trois magnifiques prises de parole du Groupe La Barre, de la LDH, et de la Libre Pensée.

Les voici intégralement tous les 3 :

De Yves Le Diascorn, pour la LDH de la Somme :

Dimanche 29 juin 2014
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Commémoration du martyre du chevalier de La Barre

Yves LE DIASCORN, président de la fédération de la Somme de la Ligue des Droits de l’Homme

La laïcité et la Ligue des Droits de l’Homme

La Ligue des Droits de l’Homme fut créé en 1898, donc peu de temps avant le vote de la loi de Séparation de 1905. La Ligue prit position lors de l’élaboration de cette loi fondamentale, loi qui tout à la fois édicta la neutralité de l’Etat en matière de religion, mettant fin au Concordat qui depuis 1802 faisait des prêtres, des pasteurs et des rabbins des fonctionnaires, mais aussi loi qui garantit à tous la liberté de croire ou de ne pas croire. Depuis cette date la LDH est intervenue à de nombreuses reprises sur la question de la laïcité. Elle peut s’appuyer sur les travaux du groupe de travail Laïcité, dont l’un des deux responsables est Alain Bondeelle, qui est venu à Abbeville le 3 juin pour une conférence-débat sur la laïcité.

La loi de Séparation s’est inscrite dans un processus historique, ouvert par la Déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789. La déclaration mit fin à ce que l’on appelé la « monarchie de droit divin » : c’est désormais la nation qui est souveraine et non plus un roi lieutenant de Dieu ; et la liberté religieuse est reconnue. Avec la loi du 9 décembre 1905 l’Etat est désormais neutre en matière religieuse, et c’est cette neutralité qui fonde et garantit non pas la liberté religieuse, mais la libre conscience et le libre exercice des cultes. L’ordre des articles est éclairant : article 1 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes … » ; article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte … ». La loi de Séparation « achève la mise en place d’une véritable société civile entreprise, dès 1881, avec la loi sur l’école laïque et l’instruction élémentaire obligatoire, poursuivie en 1884 par la loi sur la liberté syndicale et la loi sur le divorce, puis en 1901 par la loi sur les associations ». Ce processus historique de laïcisation a eu deux grands effets, d’ordre politique : l’autonomie de l’Etat, du fait de la séparation du politique et du religieux ; mais aussi l’autonomie de la société civile, vis-à-vis de l’Etat.

La LDH, attachée à la lettre et surtout à l’esprit de la loi de 1905, a toujours combattu ce qu’elle estime constituer des dérives en matière de laïcité, parce qu’elles interdisent au lieu d’intégrer, parce qu’elles excluent au lieu de rassembler. Première dérive : chez une partie des laïques on a pu remarquer, dès les débats de 1904 – 1905, et depuis la promulgation de la loi de Séparation, la tentation de rejeter les religions dans l’espace privé, en contradiction avec la lettre et l’esprit de la loi de Séparation. Les religions, loin d’être reléguées dans l’espace privé, peuvent s’exprimer dans un espace public, puisque les processions ne furent pas interdites, comme le souhaitait une partie des membres de la commission Buisson – Briand qui élabora le projet de la loi de Séparation. Elle n’interdit pas non plus le port de tenues religieuses, soutanes, cornettes, etc., dans l’espace public. Pour la LDH, il existe en fait trois espaces publics, et non pas un seul : celui de l’Etat, tenu à la neutralité religieuse, celui des services publics, soumis à la même obligation, en commençant par l’Ecole publique, mais aussi l’espace public propre à la société civile, espace public distinct des deux espaces institutionnels précédents, et où une jurisprudence constante du Conseil d’Etat garantit comme légitimes toutes les expressions, « même religieuses ». D’autre part la Ligue réfute que ces quatre espaces soient des espaces séparés, voire opposés, et soutient qu’ils sont communicants. Sans cette communication, la notion de citoyen, qui relève de tous les espaces et les relie, n’aurait plus vraiment de sens.

Aujourd’hui la laïcité, sous le prétexte qu’elle serait une spécificité française, est transformée en un marqueur identitaire. Nous « serions bons républicains, parce que laïques » : entendons par là ennemis des religions et porteurs de valeurs républicaines ayant vocation à se substituer aux croyances et fois religieuses, marquées du sceau de l’archaïsme et du passé ». La LDH considère cette analyse comme une dérive qu’elle refuse.
On assiste à une nouvelle dérive, bien plus préoccupante que la première, avec la crise identitaire, qui renvoie à la crise économique, sociale et culturelle, et qui a multiplié la peur de l’autre. L’extrême-droite, historiquement liée aux catholiques les plus réactionnaires, a tardivement découvert l’idée de laïcité, pour la dévoyer et la manipuler en faisant de la laïcité, facteur de vivre ensemble et de paix civile, une arme contre l’islam. La voie a été ouverte par l’accent mis depuis 1989 sur les signes religieux, en ne voulant voir que les voiles et non pas les croix ou les kippas, puis en faisant campagne sur l’ « occupation » religieuse de l’espace public, argumentée par les prières dans la rue, qui signifient simplement que les mosquées sont trop petites et pas assez nombreuses. Ces dernières années ont vu la volonté, en multipliant les lois, de chasser de l’espace public toute manifestation d’une religion, et d’abord ses expressions vestimentaires, alors que l’obligation de neutralité ne s’impose qu’à l’Etat et aux services publics et non pas à l’espace public relevant de la société civile. Ces dernières années ont vu aussi la tentative d’étendre la notion de service public, malgré la jurisprudence constante du Conseil d’Etat, voire la tentative d’introduire l’interdiction des signes religieux dans les entreprises. A chaque fois, qu’il s’agisse de lois effectivement votées ou de tentatives d’ajouter des textes d’interdiction, ce sont essentiellement les musulmans, en fait des femmes musulmanes, qui sont touchés, voire visés. Or la laïcité a consisté à neutraliser l’Etat, et non pas à neutraliser la société. Si la société voyait interdite toute expression dans l’espace public des religions, que resterait-il de la liberté de conscience et d’opinion, y compris dans le domaine religieux, garantie par la loi de 1905 et par tout le droit public depuis la déclaration des droits de l’homme de 1789 ? On ne peut qu’être inquiet du vocabulaire militaire employé par certains : occupation, résistance, « laïcité de combat ». Voudrait-on rallumer les guerres de religion, cette fois contre l’islam ? Or la laïcité est un facteur essentiel de la paix civile, non un ferment de « choc des civilisations ».

La laïcité pour la LDH doit pouvoir nous ramener constamment au triptyque républicain, liberté, égalité, fraternité. Liberté, de croire ou de ne pas croire, avec le refus de toute censure au nom de critères religieux, que la LDH combat avec vigueur. Egalité : entre les religions et entre les croyants et les croyants. Fraternité, dont la construction commence à l’école laïque, l’Ecole de la République. La LDH est modérée, mais pas modérément laïque. Ainsi elle demande depuis 1919 la fin du concordat en Alsace-Moselle et l’introduction de la loi de Séparation. En 2009 elle a mis en cause les accords Kouchner – Vatican et la loi Carle. Elle intervient chaque fois que ceux qui représentent l’Etat violent la neutralité de l’Etat, qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy avec le discours du Latran ou de Manuel Valls à la cérémonie de canonisation de deux papes. Elle travaille avec les autres organisations attachées à la laïcité comme l’a montré en avril 2013 le communiqué commun avec la Ligue de l’enseignement et la Libre Pensée.

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discours prononcé par Gérald Fromager, secrétaire de la LP02 :

"Discours de la FNLP
Abbeville le 29 juin

Citoyennes, Citoyens, camarades,

C’est avec grand plaisir que je prends, ce-jour, la parole devant le monument La Barre d’Abbeville, « monument élevé par le prolétariat à l’émancipation de la pensée humaine ». Je suis membre du Groupe La Barre depuis de longues années mais j’interviens ici au nom de la Fédération Nationale de la Libre Pensée.

Je vous apporte donc le salut fraternel de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, de sa Commission Administrative Nationale et de son nouveau Président, Jean-Sébastien PIERRE, en ayant forcément une pensée particulière pour notre camarade Marc BLONDEL, disparu bien prématurément.

Qu’il me soit permis de revenir sur la récente grève des cheminots. Que n’a-t-on pas entendu à ce propos ! Nous avons subi un déchaînement hystérique contre les grévistes, qui n’est pas sans rappeler les vociférations de Mme TATHCHER, traitant, à l’époque, les mineurs grévistes de « parias ».
On nous a même refait le coup des grèves des cheminots mettant en danger les épreuves du bac. C’est une redite, souvenez-vous, en 2003, la grève des enseignants allait aussi mettre le bac en danger !

Les gouvernements changent, les politiques anti-ouvrières demeurent. Soyons sérieux et réfléchissons : QUI MET LE BACCALAUREAT, premier grade universitaire en danger ? Les profs, les cheminots ? Ou bien les innombrables contre-réformes qui se succèdent chaque année, innombrables contre-réformes toutes adossées à loi scélérate « sur les rapports entre l’Etat et l’enseignement libre », loi de M. DEBRE-PERE et père co-fondateur de la Vème République ! Poser la question c’est y répondre.
Nous sommes donc aujourd’hui rassemblés comme chaque année, depuis le début du XXème siècle, pour un combat :

Le combat contre toute forme de dogmatisme, contre l’intolérance n’est pas un souvenir des siècles précédents.

Il est confondant et inquiétant de voir que le délit de blasphème est encore inscrit dans les lois de certains pays. Il est dramatique de voir que l’obscurantisme règne encore. Nous pourrions penser que les Hommes ne tirent pas les leçons du tragique destin du Chevalier de la Barre. Mais en son temps comme aujourd’hui, la volonté de laisser le genre humain nager dans les méandres de l’ignorance aboutit à perpétuer un enchaînement que seules la Raison peut défaire.

Et pourtant. En Europe, qu’il s’agisse des bloggeurs, journalistes, libres penseurs, et tout simplement citoyens, il n’est pas permis de critiquer, de remettre en cause la religion sans être taxés des pires mots, sans être menacés.

C’est ce qui a abouti, en 2012, la déclaration de l’Union Européenne, par l’intermédiaire de sa Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Ashton. Cette dernière avait décidé de signer un communiqué avec l’Organisation de la Conférence Islamique, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes et le Président de la Commission de l’Union africaine. Ils y déclaraient en substance : « Nous croyons en l’importance de respecter tous les prophètes, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent ».

Par ces déclarations, par cette pensée unique qu’ils imposent sous prétexte de respect, ils préparent les chevaliers de la Barre de demain ! C’est l’omerta qui devrait dominer. L’omerta, cette terrible loi du silence, c’est la première protection des dogmes.

La Loi du silence, c’est la destruction des bibliothèques antiques. La loi du silence, ce sont les autodafés nazis qui plongent dans l’oubli et l’obscurantisme, les Lumières et la Raison.

La loi du silence, c’est la suprématie des mandarins et des expérocrates (experts en tous genres et bien souvent autoproclamés) qui - inlassablement – commentent, jugent, vous disent quoi penser, comment réfléchir, ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.

La loi du silence, c’est la protection des prêtres pédophiles, des assassins d’enfants.

Ce sont les 800 corps d’enfants retrouvés en Irlande. Comme seule réponse, je cite : « François a annoncé qu’il célébrerait une messe, début juin, dans sa résidence du Vatican en présence de six à huit victimes d’abus sexuels, venus de divers pays et qu’une rencontre serait ensuite organisée avec ces personnes. » Où est la justice ? Comment est-il possible, encore, de nos jours, que des centaines de membres du clergé soient protégés par la hiérarchie du Vatican pour ne pas être confrontés à la loi des Hommes ?
C’est le dogme de la pensée unique où une tête ne dépasse pas du rang. Hier, il fallait se découvrir devant une procession religieuse, aujourd’hui il faut se soumettre à la sacro-sainte parole des marchés financiers et des Eglises !

Du chevalier de la Barre, de Giordano Bruno, de Galilée, pour nous, le centre de toute chose, c’est la liberté de conscience. C’est à travers le manifeste pour la Liberté de conscience que nous avons créé l’Association Internationale de la Libre Pensée.

En effet, il ne s’agit pas d’un problème spécifiquement Européen comme il ne s’agit pas non plus d’un problème lié plus à une religion qu’à une autre.

C’est ainsi que l’Association Internationale de la Libre Pensée a pris connaissance avec indignation de l’alourdissement des sanctions pénales prononcées contre le blogueur libéral saoudien Raif BADAWI : Dix ans de prison, 1000 coups de fouet et 1 million de rials d’amende, pour « insulte à l’Islam ». Et c’est donc une campagne internationale que nous avons engagée pour que les gouvernements fassent pression sur les dirigeants saoudiens.

C’est une campagne qui dépasse largement le cas de Raif BADAWI et qui doit permettre aux saoudiens, aux travailleurs de cette région de pouvoir croire ou ne pas croire, de ne pas être soumis à une théocratie dont la réelle puissance repose sur son sous-sol et non sur sa religion.

En ces temps où il fait bon d’être charitable, l’Eglise catholique, sourire fielleux et crosse à la main, poursuit les travaux de l’inquisition. Ils n’ont pas la main sur les instruments de torture, ils préfèrent les garder sur les cordons de la bourse.

Ils se battent encore :

Contre le droit à mourir dans la dignité,

Contre l’interruption volontaire de grossesse,

Contre la liberté pour la recherche scientifique.

Ils s’arrogent le droit de contrôler les corps, leur existence, leur devenir. Ils dressent les bûchers médiatiques et appellent à la révolte contre la République, contre l’égalité des droits.

L’œuvre de la plus vieille association de France, la Libre Pensée, est donc de combattre contre les tous dogmatismes, de promouvoir la liberté de conscience.

Cette œuvre, nous la poursuivrons à Londres, le 11 aout 2014, en présence de délégués d’Amérique latine, des Etats-Unis, du Canada, d’Inde, d’Europe et d’Afrique. Nous la poursuivrons lors de ce IVème Congrès de l’Association Internationale de la Libre Pensée.

Un mot également, il concernera un autre combat de la FNLP : celui de la réhabilitation collective de tous les fusillés pour l’exemple. Un siècle après la terrible boucherie, les différentes formes de terreur qui se sont abattues sur les tranchées, le Président de la République, à la fin de 2013, a préféré céder aux pressions de la hiérarchie militaire en ne promulguant pas la réhabilitation collective.

A croire que le Président de la République aurait pu totalement contester le précédent Président du Conseil Général de Corrèze, un certain François HOLLANDE ! La Libre Pensée entend donc poursuivre son activité et ses actions pour ce juste combat de la réhabilitation. Les « commémorations du centenaire », comme ils disent ne se dérouleront pas sans que nous, libres penseurs, rappelions aux pouvoirs publics les horribles assassinats, les parodies de procès et l’écrasante responsabilité des généraux sanguinaires.
Citoyennes, citoyens,

Le Libre Penseur André Lorulot a écrit : « Au nom de Dieu inexistant, on a commis trop de crimes, on a fait couler trop de sang ». Il est plus que temps de revenir à la Raison, de juger et condamner ceux qui versent le sang au nom de Dieu, de juger et condamner ceux qui l’ont fait couler pour l’impérialisme et les intérêts mercantiles.

Ni Dieu, ni maître. A bas la calotte, et vive la sociale.

Je vous remercie."

******************discours de Bernard Sodoyez, président du Groupe La Barre

Manifestation La Barre (29 juin 2014)
Discours du Groupe La Barre au monument

Chers amis, chers camarades,

Il y a 248 ans, le 1er juillet 1766, un jeune homme de 19 ans, le Chevalier de La Barre, était torturé et exécuté en application de la Loi, sur décision de justice.

Son crime ? il avait manqué de respect envers les croyances religieuses, et été déclaré coupable d’être passé à 25 pas d’une procession sans ôter son chapeau, et d’avoir chanté une chanson impie. En ce temps-là, la Loi interdisait de choquer les croyants dans leur foi. Le Chevalier de La Barre n’est pas mort d’une injustice, il est mort d’une justice inféodée à l’Eglise ; il a été condamné par un Etat clérical, un Etat qui, donc, par principe, punissait le manque de respect envers la religion.

Nous disions l’an dernier que la loi de séparation des églises et de l’Etat, avait été violée en permanence depuis plus de 50 ans. Mais cette année à nouveau elle l’a été de manière spectaculaire par Monsieur Valls, premier ministre. Il a représenté la France, ès qualités, pour la canonisation de deux papes Ã  Rome. Décision prise par un homme qui n’a pas manqué une occasion de s’exprimer contre la loi de 1905 dont il n’hésite pas à réclamer un « toilettage » !

Souvenons-nous, peu après la promulgation du « mariage pour tous », il a déclaré au journal La Croix que « les religions ne sont pas assez écoutées ». Il a expliqué dans ce même journal qu’il est indéniable qu’en « s’emparant des questions de société, la religion rend service à la société » ….on pourrait aussi citer « le paysage urbain où se côtoient églises, temples, mosquées et synagogues souligne ce qu’est la France »

Bref, que Monsieur Valls soit croyant, très croyant, dévot, cul-bénit ou bigot, c’est son affaire, mais qu’il coure les béatifications ou canonisations en tant que représentant de l’état, c’est inadmissible.

Il a par ailleurs déclaré « admirer davantage Clémenceau que Jaurès », et il vient d’illustrer récemment et pleinement ce choix :

En effet, de même que Clémenceau son maître avait envoyé en 1910 la troupe contre les cheminots de Tergnier en grève, de même Valls n’a rien épargné en ce mois de juin aux cheminots en grève : menaces, pressions, intimidations, tout a été bon pour les faire reprendre, en tentant de les livrer à la vindicte populaire et en prétendant que leur grève menaçait le bac…Une tentative qui a heureusement échoué, mais que le groupe La Barre a tenu à rappeler. Et cela pour une raison simple, c’est que nous n’oublions pas le geste héroïque du cheminot qui, pendant la guerre, a caché dans un ruisseau la plaque de bronze du monument représentant les tortures infligées au Chevalier La Barre. Cette plaque était en effet chargée dans un train pour être fondue. A la libération, la statue parisienne du Chevalier n’est pas revenue, mais cette plaque a pu être récupérée, grâce à ce cheminot anonyme.

Quant à ce Clémenceau admiré par Valls, il a, comme le rappelait M Pena Ruiz en avril dans sa lettre ouverte à Valls, « pris en 1918 une décision laïque exemplaire ». En effet, le 11 novembre 1918, l’archevêque de Paris invite Clémenceau président du conseil, au TE DEUM prévu à notre dame de Paris, en hommage à tous les morts de la guerre qui vient de s’achever. Clémenceau dissuade le président de la République, Raymond Poincaré, de s’y rendre, et il répond par un communiqué officiel qui fera date : « suite à la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le gouvernement n’assistera pas au TE Deum donné à Notre Dame. Mmes Poincaré, femme du président de la république et Deschanel femme du président de la chambre des députés, n’étant pas membres du gouvernement pourront par contre y assister….. » 

Monsieur Valls est donc bien loin de son modèle ! Il aurait été en tout cas mieux inspiré de l’imiter dans la défense et dans le respect de la loi de 1905, plutôt que de le suivre dans son combat contre les cheminots grévistes.

Autre aspect, et non des moindres, des attaques contre la laïcité, l’année a été aussi marquée par la mise en place dans l’éducation nationale d’un dispositif qui permet de faire entrer dans l’école toutes sortes de personnes et d’associations, et qui menace directement l’école laïque, gratuite et républicaine.

En effet, nous avions déjà observé l’an dernier que M.Peillon, au nom de la refondation de l’école et sous couvert de réforme des rythmes scolaires, avait décidé d’imposer des Projets éducatifs territoriaux. Ces projets remettent en cause l’unité nationale des programmes nationaux, et donc, à terme, les diplômes nationaux.

A cela s’ajoutent deux menaces graves pour l’école républicaine et laïque :
La première est la soumission des enseignants aux élus locaux, puisque les élus en question auront un droit de regard sur l’enseignement.
La seconde est l’introduction dans l’enseignement public, par les activités périscolaires, du monde associatif et du monde de l’entreprise.

Pas étonnant dans ces conditions que Monsieur Rousset, président de la région Aquitaine et président de l’association de régions de France ait « promis aux enseignants, en moins de temps qu’on ne le croit, le statut de fonctionnaire territorial » après s’être prononcé dans ses vÅ“ux du 1er janvier pour, je cite, « la décentralisation totale de l’éducation »

Moins connu et qui peut surprendre, les écoles privées sont dispensées des contraintes qui suscitent la colère des enseignants et des parents : rien ne les oblige à appliquer la réforme. Le Courrier Picard, au mois d’avril, nous apprend d’ailleurs que la direction diocésaine a choisi de ne pas appliquer la réforme des rythmes….

Certes, nous les laïques ne demandons pas que l’état s’occupe de la gestion des écoles privées, puisque nous réclamons qu’elles ne soient plus financées par l’argent public. Mais quand l’école privée fonde une partie de sa publicité sur le fait que ses élèves n’auront à subir
ni l’obligation des 5 matinées, donc le mercredi matin,
ni la dislocation de la semaine et les ravages occasionnés par la confusion entre activités scolaires et périscolaires,
ni la perte de repères en raison de la présence d’adultes de toutes sortes autour d’eux,
comment ne pas s’indigner qu’une nouvelle fois le ministère organise une concurrence aussi déloyale au détriment de l’école de la république ?

Voila qui en dit long sur l’ampleur des combats qui nous attendent

J’ai peu parlé du Chevalier de La Barre. C’est la tradition de cette manifestation : nous maintenons son souvenir vivace, en menant dans notre époque le combat contre le cléricalisme dont il fut victime. Je vous remercie de votre attention.

Avant de commencer la manifestation, je vous demande d’accorder à la mémoire de Jean-François Lefèbvre, Chevalier de la Barre, victime à 19 ans de l’intolérance religieuse, une minute de silence.


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