POUR LA REHABILITATION COLLECTIVE ET TOTALE DES FUSILLES POUR L’EXEMPLE DE LA GUERRE 1914-1918

EN VENDEE LES 7 ET 11 NOVEMBRE 2013
mercredi 16 octobre 2013
par  Lp 85
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Pour les rassemblements de La Roche-sur-Yon en 2011 et Olonne en 2012, la Fédération de Vendée a publié des articles et une brochure. Nous publions ci-dessous, l’article (dans le N° 76 de la Libre Pensée en Vendée) tenant compte des derniers éléments connus sur les huit condamnations à mort et les sept exécutions recensées pour la Vendée.

Après les rassemblements pacifistes du 11 novembre 2011 devant le monument aux morts des frères Martel à La Roche-sur-Yon et du 11 novembre 2012 à Olonne-sur-Mer, à l’initiative de la Libre Pensée et du Mouvement pour la Paix, soutenus par de nombreuses associations, nous exigerons le 11 novembre 2013 devant le monument aux morts de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la réhabilitation complète et collective de tous les « Fusillés pour l’exemple » de la guerre 1914-1918. Qu’ils soient 650 ou 740 comme de récents ouvrages et le rapport Prost les recensent, TOUS doivent être réintégrés dans la mémoire collective par une déclaration solennelle de la République française.
En Vendée, nous avions comptabilisé six cas dans notre étude de 2011 . C’est en fait huit condamnations à mort et sept exécutions qu’il faut retenir comme celle d’Armand Mercier qui paraît « exemplaire ».

Né le 19 septembre 1886 à Apremont, de parents journaliers, célibataire, lui-même domestique de ferme, après son service militaire au sein des 150ème et 137ème RI, affecté soldat de 2ème classe au corps du 93ème RI le 5 août 1914, il prend part aux premiers combats. Manquant à l’appel en 1915, il est porté déserteur le 12 décembre 1915. Condamné par le conseil de guerre de la 21ème DI à 4 ans de travaux publics le 13 avril 1916, il passe au 137ème RI. Pour absence illégale, il est condamné par ce conseil à 5 ans de travaux publics le 26 mai 1916, le motif précis est devenu « la désertion à l’intérieur en temps de guerre » mais la peine est suspendue. Passé au 93ème RI, il combat sur le front de Verdun mais il manque à l’appel le 10 juin 1916 et donc, porté déserteur. Cette récidive est fatale. Il ne rejoint son corps que le 23 juin après avoir rendu visite à sa mère à Apremont. Arrêté et déféré le 4 juillet 1916 devant le conseil de guerre de la 21ème DI, il est chargé par son lieutenant Crignon qui le traite de « mauvais soldat, mauvais Français et de lâche » et demande « que la condamnation qui le frappera soit impitoyable et serve d’exemple ». Armand Mercier reconnaît « avoir eu peur et perdu la tête ». Le jugement du 1er août qui le condamne à mort pour « abandon de poste et désertion en présence de l’ennemi » est exécutoire, le recours en grâce rejeté. Il est fusillé le 20 août 1916 à Dieue-sur-Meuse, dans une carrière, au bord d’une route. Le peloton d’exécution est constitué de camarades du 93ème RI. L’acte de décès est transcrit à la mairie d’Apremont le 8 novembre 1916. Armand Mercier est inhumé dans la nécropole nationale de Dieue-sur-Meuse (tombe n°35) mais son nom ne figure sur aucun monument aux morts.

On rappellera ici -outre les deux mutins de 1917 dont on ignore les noms- les cas déjà étudiés de Joseph Bonin, né le 22 décembre 1888 à l’Ile d’Yeu, fusillé le 16 octobre 1914 à Lassigny dans l’Oise près d’Hébuterne (Pas-de-Calais) pour « abandon de poste en présence de l’ennemi », d’Adolphe Lhuillier, né le 21 août 1892 à Croix-de-Vie, jugé coupable de voies de fait et d’outrages envers des supérieurs et fusillé le 6 avril 1915 à Oujda au Maroc, dont le nom figure sur le monument aux morts de Saint-Gilles, d’Alexandre Martineau, né le 14 mai 1892 à Mouilleron-le-Captif, employé de commerce, condamné pour désertion et exécuté le 3 août 1915, à 5 heures du matin à Wesserling en Alsace (Haut-Rhin), pour abandon de poste devant l’ennemi dont le nom est inscrit sur le monument aux morts de La Roche-sur-Yon.

Le cas de Louis (Jean, Marie, Auguste) Longuetaud est particulier. Né à Nantes le 12 septembre 1889 et coiffeur à Paris, il est conscrit de la classe 1909 au recrutement de La Roche-sur-Yon. Après son service militaire au 137ème RI, il prend part aux combats avec son régiment : bataille des frontières, Marne et Somme. Passé à la 20ème compagnie du 249ème RI et envoyé au Chemin des Dames, il est puni pour avoir découché alors qu’il était reconnu malade. Il s’enfuit du poste de police et abat l’adjudant-chef à l’origine de son incarcération. Déféré le 14 mars 1915 devant le conseil de guerre spécial de la 35ème DI, il est condamné à mort pour « voies de fait avec préméditation envers un supérieur à l’occasion du service », fusillé le jour même dans l’Aisne à Bourg-et-Comin. Comme il avait vécu à La Roche-sur-Yon, son nom figure sur le monument aux morts de la ville.

Exiger la réhabilitation complète et collective des « Fusillés pour l’exemple » se justifie. On ne peut envisager le cas par cas puisque 20% des dossiers des conseils de guerre ont disparu et 80% des dossiers élaborés sous la pression des autorités militaires sont à charge. Il ne s’agit pas non plus d’arguer de l’innocence des uns, de la culpabilité des autres, en mêlant des espions, des droits communs (2% des cas) pour évincer la réhabilitation collective. Dans quasiment tous les cas, ce furent -comme l’écrivait Ludovic Clergeaud dans Le Prolétaire de la Vendée le 4 juin 1921- « Des assassinats » !

Exiger ce geste prend tout son sens devant le monument aux morts des frères Jan et Joël Martel, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, dont le caractère pacifique était revendiqué par les auteurs comme ceux d’Olonne-sur-Mer, de La Roche-sur-Yon, Saint-Hilaire-Le-Vouhis et Les Clouzeaux.
Le monument aux morts de Saint-Gilles représente une femme, en costume traditionnel, agenouillée, bras largement ouverts, tête tristement inclinée face à la dalle de pierre où sont gravés les noms des disparus. Une composition architecturale, car les frères Martel sont associés, comme à Olonne, à l’architecte Jean Burkhalter. L’œuvre est considérée comme l’une des plus réussies parmi les nombreux monuments aux morts qu’ils ont réalisés durant ces années 1920.

L’inscription, volontairement sobre indique un « Hommage à nos morts ». 34 noms sont initialement portés sur le monument, mais le cimetière contient 78 tombes de Morts pour la France en 1914-1918. On laisse de côté Croix-de-Vie quand les deux communes n’avaient pas encore fusionné.

Bien plus encore que la forme, c’est sur le fond, le sens, la signification pacifique qu’ils donnent à leurs monuments que les frères Martel se détachent ; interprétation confirmée par leur correspondance et renforcée par le discours d’inauguration prononcé en 1922 par le Docteur Marcel Baudoin que l’on peut comparer à ceux du même Dr. Baudoin et de Valère Mathé (maire) tenus à Olonne en juillet 1922 pour un autre monument des Martel.

« Le geste symbolique nécessaire…[…]…qui ne glorifie pas la guerre par l’image d’un soldat en armes, la victoire par une statue de l’époque grecque ou de la Renaissance…[…]…Vu le but poursuivi, il fallait une statue dépourvue de toute prétention , qui fut l’expression réelle du sentiment que la guerre a laissé dans l’âme populaire…quelle forme pouvait mieux exprimer cette pensée que cette « Girase » , que cette femme du peuple agenouillée ? C’est la mère, la sÅ“ur, l’épouse des combattants, poilus et marins nés sur les bords de l’Atlantique. Cette femme n’est pas quelconque- ce n’est pas une allégorie- c’est une femme réelle, une femme de chez vous, une femme qui a vécu la guerre, ici même ! ».

Article complet dans le fichier ci-joint.


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